Le futur chancelier allemand lorgne sur la bombe nucléaire française
ARTICLE. Après des années à l'ombre du parapluie américain, l'Allemagne fait volte-face. Froissé par la réélection de Donald Trump, le futur chancelier allemand, Friedrich Merz s'est dit favorable à un partage de l'arme nucléaire française ainsi qu’à une coopération dans le domaine du nucléaire civil. Berlin en aurait-elle fini avec l'atlantisme ?
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Ni Angela Merkel ni Olaf Scholz n’avaient été sensibles à la proposition française, plusieurs fois formulée ces deux dernières décennies, d’un partage de notre force de dissuasion nucléaire. L’Allemagne s’accommodait alors fort bien de son partenariat avec l’OTAN et les États-Unis, qui de fait, la plaçait sous protection du parapluie nucléaire de l’oncle Sam. L’élection de Donald Trump et celle du parlement allemand ce dimanche semblent avoir drastiquement rebattu les cartes outre-Rhin.
C’est pourtant le très atlantiste et probable futur chancelier conservateur allemand, Friedrich Merz, de la CDU, qui porte le projet d’une évolution de la doctrine allemande en matière de défense et de nucléaire. « Nous devons discuter avec les Britanniques pour savoir si un partage du nucléaire, ou du moins de la sécurité nucléaire du Royaume-Uni et de la France, pourrait également s’appliquer à nous », a-t-il expliqué lors d’un entretien télévisé.
La France a émis cette proposition à plusieurs reprises, la dernière fois en avril 2024, lors du discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne. « Je suis pour ouvrir le débat [sur la sécurité européenne] qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine », avait alors expliqué le chef de l’État français. Une proposition qui n’avait trouvé aucun écho en Allemagne. Lors d’un direct sur les Réseaux sociaux le 20 février, il a rappelé que, selon lui, les « intérêts vitaux de la nation, qui pourraient pousser un président à utiliser l’arme nucléaire » ont « toujours eu une dimension européenne ». L’Europe, toujours l’Europe.
Nucléaire militaire et civil
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