500 000 nouveaux travailleurs immigrés en moins de trois ans. C’est ce qui attend à la Hongrie à en croire Viktor Orbán, le Premier ministre de la Hongrie depuis 2010. Déclarés le 9 mars 2023 lors d’un discours économique à la Chambre de commerce et d’industrie hongroise, ces propos peuvent étonner de la part d’un farouche opposant à l’immigration massive sur la scène internationale. 500 000, cela pourrait paraître peu, mais ça représente pas loin de 5,2 % de la population totale hongroise. Et comparé au nombre de personnes actives — 4,7 millions de personnes d’après le KSH, l’équivalent statistique hongrois de l’Insee —, 10,6 %.

La Hongrie s’apprête donc à recevoir un nombre considérable d’étrangers sur son territoire. Des « travailleurs invités », pour reprendre les mots de Viktor Orbán, qui verront leurs conditions d’accueil assouplies grâce à l’application du projet de loi voté le 3 mai 2023 « sur l’emploi de travailleurs invités », au 1er novembre. Dans les faits, cette loi renforce les décisions prises par décret en septembre 2021, qui permettaient l’ouverture du marché du travail hongrois à certaines nationalités en leur offrant des contrats de deux ans reconductibles, ainsi qu’une aide à l’accompagnement notamment en termes de logement.

La Hongrie est confrontée à un double phénomène. D’une part, une baisse structurelle forte de sa démographie : son indice de vieillissement (c'est-à-dire la population des 65 ans divisée par celle des moins de 20 ans) est de 141,5 % en Hongrie. Cet indicateur était de 86 % en France pour 2020. Et le taux de chômage en Hongrie est au plus bas, oscillant en 2022 entre 3,5 et 4 %. Conséquence directe, la Hongrie manque de main-d’œuvre en âge de travailler. Et depuis la crise du Covid, la reprise économique est forte dans ce pays d'Europe de...