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P-Y Rougeyron : « M. Le Drian confond scène internationale et bureau des pleurs »

ENTRETIEN. Nous avons appris durant la nuit de mercredi à jeudi que le contrat historique de sous-marins entre le français Naval Group et l’Australie a été rompu au profit d’une alliance avec les Américains et les Britanniques. Un camouflet industriel d’envergure que nous analysons avec Pierre-Yves Rougeyron, président du Cercle Aristote et ancien de L’École de guerre économique.

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Front populaire : Ce contrat entre la France et l’Australie était prévu de longue date. Comment expliquez-vous ce revirement ?

Pierre-Yves Rougeyron : Essayons d’être complet.

La France avait reçu ce contrat dans un moment où l’Australie souhaitait rééquilibrer sa relation avec les États-Unis. Par manque d’analyse nous avons pris cette volonté pour une volonté permanente. Mais l’Australie nous est hostile. Elle n’a jamais accepté notre présence dans le Pacifique et particulièrement en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Elle a soutenu les mouvements sécessionnistes. De plus nous sommes dans une optique européenne qui fait que nous abandonnons nos territoires d’outre-mer et que nous n’aurons bientôt pas plus de moyens en couverture des États baltes qu’en couverture du territoire calédonien. Comment voulez-vous que nous soyons crédibles dans cette région géopolitique nommée « l’indo-pacifique » si nous laissons nos territoires à l’abandon, notre armée en déshérence et notre flotte à l’avenant. Qui achèterait des armes sur le long terme à un pays dont l’élite veut la disparition et qui clochardise son armée en achetant le matériel nécessaire des parachutistes en Roumanie ?

Autre élément : nous ne voyons « l’indo-pacifique » que sous l’œil de la défense du monde libre contre Pékin. C’est une vision d’une rare stupidité. C’est par notre décalage et non par notre suivisme vis-à-vis du bloc occidental que nous serons pris au sérieux.  Or, nous sommes aujourd’hui dans la domination Union européenne – OTAN qui forme un seul bloc juridique (article 42 TUE). Nous acceptons d’être des supplétifs et nous sommes traités comme tels. Nous collons au narratif occidentaliste et donc sommes sous l’empire des caprices de la puissance américaine. Rajouter à cela que le lobby germano-américain proche du Département d’État est fondamentalement francophobe, ce qui n’était pas le cas sous l’administration Trump. Les Américains ont simplement rappelé leur soumission aux Australiens.

À cela se rajoute...

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