Premier ministre pakistanais : Ben Laden, plutôt que Macron
Sur twitter, le premier ministre du Pakistan, Imran Khan, a vivement critiqué la position d’Emmanuel Macron à propos des caricatures de Mahomet, l’accusant de “diviser” plutôt “qu’unifier”. Une position paradoxale pour le dirigeant d’un pays historiquement rongé par les discriminations religieuses.
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Imran Khan, actuel premier ministre du Pakistan, s’est fendu dimanche d’une série de tweets en réponses aux déclarations d’Emmanuel Macron lors du conseil de défense à l’Élysée vendredi. Il a reproché au président français “d’attaquer l’islam” et “les sentiments de millions de musulmans à travers le Monde”, l’accusant de créer “la haine” par “ignorance”, en “encourageant l'affichage de caricatures blasphématoires ciblant l'Islam et notre Prophète”. Une prise de position publique, internationale et opportuniste, pour un homme politique fragilisé dans son propre pays. Arrivé au pouvoir en août 2018, Imran Khan doit faire face aux conséquences économiques de sa gestion, critiquée au Pakistan, de la crise de la COVID ces derniers mois, ainsi qu’à plusieurs accusations de corruption au sein du PTI (Mouvement du Pakistan pour la justice), qui détient 46% des sièges au parlement. Une coalition politique de 11 partis d’opposition exige désormais son départ. Alors, pour asseoir son autorité, le premier ministre du Pakistan défend le délit de blasphème.
Le Pakistan est le deuxième pays qui héberge le plus d’habitants musulmans au monde (202 millions). Proclamé “République islamique”, le 23 mars 1956, son code pénal prévoit via l'article 295-C, la peine de mort ou l’emprisonnement à vie pour quiconque profanerait “ le nom sacré du saint Prophète”. Il s’agit de la loi interdisant le blasphème, promulguée en 1986, qui incrimine tout acte, parlé ou écrit, qui souillerait Mahomet. Les tentatives pour adoucir le texte ont toutes échoué depuis. Sen Salmaan Taseer gouverneur du Pendjab jusqu’en 2010, membre du Parti du peuple pakistanais (centre gauche) et partisan de l’abrogation de ce texte, a été descendu, à ce titre, par son propre garde du corps en 2011. C’est en l’honneur de Mumtaz Qadri, l’assassin, que le parti Islamiste Tehreek-e-Labbaik (TLP) a été fondé. Il a fait du maintien, tel quel, de...