SCAF : Macron refuse de défendre l’intérêt national au nom de « l’intérêt général franco-allemands »
ARTICLE. Au lieu de défendre l’industriel français, menacé par Berlin d’être éjecté du projet SCAF s’il ne se plie pas à ses désidératas, Emmanuel Macron ménage la chèvre et le chou et s’improvise conseiller conjugal du « couple franco-allemand ».
:max_bytes(300000)/frontpop/2025/10/SIPA_01117485_000017.jpeg)
De quel pays Emmanuel Macron est-il le président ? Cette question peut sembler un brin absurde, voire provocante. Mais elle l’est moins lorsque l’on constate qu’à l’approche d’un divorce inéluctable entre Paris et Berlin — secondé par Madrid — sur un dossier sensible, le dirigeant français préfère jouer l’arbitre des élégances plutôt que de défendre les intérêts français. L’objet de la discorde, c’est le Système de combat aérien du futur (SCAF), sur lequel continuent de s’écharper l’industriel français Dassault et le gouvernement allemand. À tel point que l’Allemagne a récemment envisagé d'éjecter la France du projet à 100 milliards, reprochant à Dassault de vouloir en prendre les reines.
Mais il ne faut pas compter sur Emmanuel Macron pour prendre la défense de son fleuron national. « Nous savions dès le départ que cela serait très difficile, car des industriels concurrents ont été contraints de s'associer pour un projet », commente-t-il dans un entretien au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), publié ce mercredi 1er octobre. Pour le chef de l’État, l’impasse du dossier se résume à un différend entre entreprises qui, « des deux côtés, revendiquent le leadership ». Une éventuelle rivalité franco-allemande semble inenvisageable dans son logiciel.
Intérêts franco-allemands contre germano-allemands
D’après Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et lui ont demandé à leurs ministres des Armées respectifs « une revue des projets [...] d'ici à la fin d'année » pour pouvoir « statuer et prendre les décisions qui s'imposent ». Et de conclure : « C’est donc à nous de maintenir le cap de ce que nous considérons comme relevant de l’intérêt général franco-allemand. » Difficile de savoir si le président français parle de lui à la première personne du pluriel, ou s’il inclut son homologue dans son « nous ».
Ce qui est sûr, c’est que le chancelier allemand n’est pas totalement aligné avec...