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Une refonte du fabricant de missiles MBDA met en danger les intérêts français

ARTICLE. Un projet de réorganisation du fabricant de missiles MBDA pourrait considérablement réduire l’influence française dans la gestion de l’entreprise et porter atteinte aux intérêts stratégiques de la défense nationale.

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Crédits illustration : ©Airpix/Shutterstock/SIPA


C’est la rançon du succès. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le carnet de commandes de MBDA est bien rempli. Tellement que le fabricant de missiles peine à suivre la cadence pour assurer la livraison des 35 milliards d’euros de commandes en 2024 – dont 6 milliards d’euros pour la Pologne. Mais pour tenir les délais, Éric Béranger, le PDG de cette filiale commune du Français Airbus (37,5 %), du britannique BAE Systems (37,5 %) et de l’Italien Leonardo (25 %), veut réorganiser l’entreprise.

L’initiative peut paraître louable, voire nécessaire si le missilier veut remplir ses contrats. Mais le projet de « réorganisation en profondeur », validé par le conseil d’administration de MBDA et consulté par La Tribune, pose de sérieuses questions en termes de souveraineté stratégique. Car comme toute industrie de défense, MBDA doit à la fois satisfaire ses propres intérêts commerciaux et les intérêts stratégiques nationaux. Or, ce ne sont pas une, ni deux, mais bien trois nations qui mettent leurs divers intérêts stratégiques en jeu depuis la création du groupe en 2001, issu de la fusion de Matra BAe Dynamics, d’Aérospatiale Matra Missiles et d’Alenia Marconi Systems. Et si l’Italie peut se satisfaire du projet à l’étude, c’est loin d’être le cas pour la Grande-Bretagne et la France, qui verraient leur influence dangereusement s’amenuire.

La France sur la touche


En cas de mise en œuvre, l’Italie obtiendrait deux postes clés pour la stratégie et les investissements de MBDA. À savoir la direction de la stratégie et de la croissance, et celle des opérations, actuellement confiée à la France. La Grande-Bretagne récupérerait trois directions (finances, ventes et ressources humaines). Quant à la France, elle garderait pour seule et unique direction celle des programmes. Une influence réduite à peau de chagrin dans cette industrie pourtant capitale pour servir...

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