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Xavier Driencourt : « Sortir de l’impasse marocaine, éviter le piège algérien »

CONTRIBUTION / ANALYSE. Pour Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, la visite diplomatique d’Emmanuel Macron au Maroc, qui se tiendra du 28 au 30 octobre, est d’abord le signe d’une page en train d’être tournée : celle du "en même temps" diplomatique visant à ménager deux acteurs irréconciliables du Maghreb.

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Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie.© ROMUALD MEIGNEUX/SIPA


Le président de la République doit effectuer dans quelques jours une visite d’Etat, formule la plus solennelle des voyages officiels, au Maroc. Cette visite clôturera un cycle, celui de notre politique vis-à-vis des deux pays voisins au Maghreb, Algérie et Maroc.

À l’été 2024, la France est, pour résumer d’une manière un peu schématique, à la fois dans une impasse avec le Maroc et prise dans un piège algérien. En reconnaissant de manière formelle la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental au cours de l’été, Paris tente de sortir de cette impasse marocaine et d’éviter – ou contourner – ce piège algérien. Une illustration de la politique du « en même temps », mais ô combien difficile à mettre en œuvre avec l’Algérie.

Résumons les choses : à l’occasion du 25e anniversaire de l’accession au trône du Roi Mohamed VI, la France, par une lettre de son Président, s’est rangée officiellement derrière la thèse marocaine concernant le Sahara occidental. Emmanuel Macron affirme que le plan d’autonomie du Maroc pour ce territoire est « la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée ». Le chef de l’État va jusqu’à écrire que « le présent et l'avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Même si les mots sont pesés, sur le fond, il est clair que la position française constitue un revirement total. Cela rappelle un peu le « renversement des alliances » de 1756 qui avait fait de l’Autriche, après la Prusse, l’alliée de la France et avait ouvert la voie au mariage autrichien entre Louis XVI et Marie-Antoinette. La lettre du président de la République est à cet égard sans ambiguïté : à plusieurs reprises, il affirme que le plan marocain est le seul désormais, pour aboutir à une solution juste et durable. Les termes employés par le...

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