Gauche Politique

Anatomie de la gauche : de l’art du combat en politique (1/3)

OPINION. Du combat pour la liberté à l’avènement du wokisme, la gauche a radicalement changé depuis ses origines. Dans la première partie de ce triptyque sur l’évolution de la gauche, notre lecteur revient sur les fondements historiques de la gauche.

/2022/03/gauche-orphee


Jacques Julliard est sans doute le plus grand historien contemporain de la gauche française. Son ouvrage Les gauches françaises, 1762-2012 (en deux volumes) retrace la très riche histoire de la gauche politique, qui naît en France. La gauche, nous dit Julliard, est un étrange et complexe animal idéologique. Entre son acte de naissance, au XVIIIe siècle, et aujourd’hui, celle-ci se métamorphose, embrasse, rejette, s’invente sans cesse de nouveaux combats ; un moment symbolique de la gauche qui, avec la force du temps, peut devenir son ennemi. Ainsi fut le cas de trois grands thèmes, nous dit Julliard, la liberté (à laquelle la gauche a greffé l’égalité), la nation et l’individu. Autant de champs de bataille idéologiques sur lesquels la gauche se trouve au gré de ses humeurs d’un côté comme de l’autre du manche.

Tradition française, la gauche dispose du redoutable privilège de définir ce qui se trouve à droite et à gauche sur l’échiquier politique ; aussi, ce qu’elle rejette devient de fait et par défaut la droite, quand bien même il s’agissait de combats qui pouvaient être historiques ou emblématiques de la gauche politique. Ainsi, la liberté, par exemple, a longtemps constitué le premier de ses combats ; à gauche, durant la Révolution française, se plaçaient tous ceux qui réclamaient, contre l’ordre ancien, un monde nouveau plus libre. Contre l’autorité monarchique, être de gauche consistait d’abord à réclamer plus de liberté, qu’elle soit politique contre l’autorité royale et cléricale, ou économique contre les corporations. La liberté, longtemps un marqueur quasi exclusif de la gauche, devient progressivement un ennemi de plus en plus avéré à mesure qu’on avance vers le XXIe siècle ; du moins, désormais à gauche, si « liberté » demeure encore un peu audible, « libéralisme » est un gros mot qu’on aime à pourfendre. Personne, aucun candidat aujourd’hui à...

Vous aimerez aussi