Emmanuel MacronHistoire

Anciens et nouveaux collabos

OPINION. Lors d’un discours au Camp des Milles, Emmanuel Macron a dénoncé les « adorateurs et héritiers de la collaboration ». Pour notre lecteur, l’esprit de collaboration n’est pas forcément là où on l’imagine le plus.

/2022/12/MacronCampdesmilles


De Gaulle définissait le collabo comme celui qui fait passer sa position sociale et ses dîners en ville avant l’intérêt du pays et le service de la nation. Celui qui, en 1940, trouva dans le régime de Vichy le moyen de les sauvegarder. À ne pas confondre avec le partisan de ce qu’on a appelé alors la révolution nationale et qui voyait dans le maréchal, à tort ou à raison, le porteur de la résurrection d’une France en pleine débâcle. Bon nombre de ces collabos ayant su d’ailleurs au moment opportun, c’est-à — dire lorsque la défaite de l’Allemagne devint certaine, tourner leur veste et rejoindre le camp des résistants de la dernière heure. Tous n’ont pas fini à Sigmaringen.

Le collabo est une girouette qui se met dans le sens du vent, et dont l’idéal se situe entre hédonisme et vanité sociale, entre carriérisme et lâcheté. Prêt à tout brader dès lors qu’il s’agit de l’intérêt suprême qu’ils constituent.

En ce sens, on pourrait dire que notre pays est mené depuis plusieurs décennies par des collabos, mais on est passé de l’ancien, celui de l’Allemagne nazie, à un nouveau, celui des États-Unis et des grands intérêts financiers ou géostratégiques qu’ils portent. Ainsi, la France n’est plus sous occupation allemande, mais sous colonisation américaine, directe ou indirecte, via une Europe conduite par l’Allemagne, elle-même sous domination américaine.

La race du collabo est éternelle, portée non par une transcendance, mais par une adaptation veule aux pouvoirs du moment, et un carriérisme de la reptation.

Après une sorte de baroud d’honneur, de 1958 à 1968, on a vu peu à peu cet état d’esprit gagner la France, sous le couvert d’une Europe devant apporter paix et prospérité. Avec Giscard la politique est revenue à la corbeille, avec Mitterrand le socialisme est devenu...

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