Art contemporainArt

Art contemporain : l’expression de la régression infantile

OPINION. Après le traumatisme des conflits sanglants du XXe siècle, l’art contemporain émerge comme un symptôme d’une société qui a évacué la mort et entraîne la culture de masse dans les convulsions de la régression infantile. 

/2021/12/ART-CONTEMPORAIN (1)


Il ne faudrait pas interpréter la nature de l’art « contemporain » en termes de pathologie mentale. Psychiatriser les laudateurs ou les contempteurs de l’art actuel ne nous apprendrait rien. Nous sommes ici en présence d’un phénomène récent et insolite qui pose question à nos contemporains.

L’art occupe un rôle majeur dans le vaste royaume de la culture. Depuis des temps immémoriaux, l’homme a fait appel aux artistes pour témoigner en son nom que sa présence sur terre n’est pas indifférente et il a convoqué la prédisposition de ces derniers pour honorer l’impénétrable mystère des êtres et des choses. Dans un précédent article intitulé Art contemporain et naufrage du goût, j’évoquais le rôle faustien des égarements du marché de l’art actuel. Le décor étant ainsi posé, tentons d’interpréter les dérèglements collectifs auxquels nous assistons.

L’art a toujours eu pour vocation de dépasser l’étroit périmètre de nos vies pour y faire entrer la transcendance. Le canevas resserré de nos existences appelle une délivrance, une émancipation et un affranchissement symbolique. Le caractère thaumaturgique de toute création artistique n’est pas sans lien avec la hantise de l’anéantissement de nos corps et la dissolution de nos âmes. L’art est une réponse angoissée à l’effondrement programmé de nos destins dans le silence du temps.

Les anciens Égyptiens avaient construit une savante économie autour des défunts. Le trépassé poursuivait sa marche dans l’au-delà et les artistes construisaient son immortalité. Depuis l’antiquité les civilisations ont toujours élaboré de minutieux rituels funéraires pour associer la mort à la vie. L’artiste demeurait le savant émissaire des divinités qui harmonisent le passage inéluctable de la vie temporelle vers la vie perdurable. Si à travers les siècles les artistes ne furent pas toujours les émissaires des dieux, ils furent souvent les délégués des monarques pour sacraliser leur règne, en garantir la célébration...

Vous aimerez aussi