J’ai été très choqué quand j’ai vu deux jeunes femmes, sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux projeter de la soupe sur le tableau Le Printemps peint en 1872 par Monet au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Ensuite on les voit arborer un tee-shirt sur lequel est écrit « RIPOSTE ALIMENTAIRE » en levant la main droite. Elles revendiquent leur geste avec le texte suivant : « L’art est le plus bel hommage à la vie. Nous aimons l’art. Mais nos futurs artistes n’auront plus rien à peindre sur une planète brûlée… » ; « Nous devons nous réveiller. »

Ce tableau souillé par ces écologistes fait partie de la salle du XIXe siècle où sont exposés d’autres noms de l’art impressionniste comme Renoir, Sisley, Cézanne, etc. Cette salle, je l’ai beaucoup fréquentée pour admirer et étudier ces œuvres, notamment les tableaux de Monet (il y en a deux autres, Pont sur la Tamise, peint en 1903, et Mer agitée à Etretat, réalisé en 1883). Il faut bien savoir que le mot « impressionnisme » vient d’un tableau de Monet, Impression soleil levant, qu’un critique avait moqué : « Que représente cette toile ? Impression ! Impression, j’en étais sûr. »

Le tableau abîmé est un chef-d’œuvre de sensibilité délicate qui représente la nature avec des reflets subtils de couleurs où le ciel, l’eau, l’arbre, l’herbe semblent se mêler dans un mouvement lumineux saisissant l’œil pour l’embarquer vers un voyage intérieur inconnu. Expérience rare et poétique qui jaillit avec puissance par ce « fameux toucher du regard » qu’évoquait Proust à travers les tableaux du peintre impressionniste Elstir dans À la recherche du temps perdu.

Alors, après Les Tournesols de Van Gogh, La Joconde de Vinci, pourquoi ces jeunes gens osent jeter de la soupe sur ces œuvres, fruit d’un travail de contemplation et de méditation devant la Beauté de la...