Baisse de la lecture chez les jeunes : rien de nouveau sous le soleil
CONTRIBUTION / OPINION. Aussi désastreux que soit le constat, la récente étude du Centre national du livre (CNL) constatant la baisse de la lecture chez les jeunes Français n’a rien de surprenant. Dans une société de l’écran, pas de place pour le livre.
Mardi 9 avril 2024, le Centre national du livre a publié une étude concernant la lecture chez les jeunes Français. L’étude révèle des chiffres qui n’étonnent plus ; les jeunes de 7 à 19 ans en France ne lisent que 2 h environ dans la semaine, soit 19 minutes par jour. En revanche, ils passent dix fois plus de temps devant un écran : 3 h 11 par jour en moyenne.
Professeur de français depuis plus de trente ans, je n’ai pu que constater la baisse de niveau en lecture. Des textes lisibles encore il y a quinze ans sont illisibles pour beaucoup d’entre eux aujourd’hui ! Le stock lexical, c’est-à-dire le nombre de mots connus par un élève de sixième, a fondu comme neige au soleil. Il n’est plus que d’à peine quelques centaines de mots !
Évidemment, les écrans ont ravagé ce temps consacré à la lecture et leur introduction dans les établissements scolaires n’a fait que confirmer cette nouvelle approche du regard captivé par ces mouvements de l’image. Le jeu vidéo est un nouveau passe-temps chronophage qui crée une addiction chez nombre de nos ados, de même que les réseaux sociaux. On s’amuse, on prend des photos, on filme parfois sa propre violence organisée (happy slapping), on erre, abreuvé d’images sans nourriture intellectuelle, juste sa propre suffisance de consommateur. Ces pratiques envahissent très vite les jeunes enfants (dès deux ans, cf. La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget, Seuil) cernés par les ordinateurs et téléphones portables, les tablettes, les télévisions… Tant d’outils faciles, mais tellement néfastes, pour occuper son enfant ! Or, les effets sur les cerveaux d’un point de vue neurologique (agitation, dépression, épilepsie…) sont désastreux.
Je le constate dans mes classes depuis une dizaine d’années : des jeunes de plus en plus déconcentrés ont du mal à se tenir...