« Celui qui insulte ou menace des enseignants de l’école de la République peut dormir sur ses deux oreilles » : témoignage d'un enseignant menacé
CONTRIBUTION / ENTRETIEN. Quatre ans après l'assassinat de Samuel Paty, le "pas de vagues" règne encore à l'école. En témoigne notre contributeur, lui-même enseignant, qui a interrogé un de ses collègues, lequel a eu un bref aperçu de la machine infernale ayant déjà mené au drame.
M.H enseigne dans un établissement rural de la Bourgogne. Comme il enseigne l’histoire-géographie, par commodité je l’appellerai « Monsieur Histoire », soit M.H en abrégé. C’est un vieux prof laïc de gauche, une gauche anachronique qui n’est plus entendue dans les médias, une gauche conchiée et fascisée par la gauche wokiste et post-marxiste de 2024. Bref, une gauche qui disparaît peu à peu.
M.H ne reconnaît plus la gauche actuelle, bien plus préoccupée par la défense des revendications identitaires islamiques que par le sort des classes laborieuses fracassées par la désindustrialisation néolibérale. Il ne comprend pas que certains collègues l’assimilent à un « réac » quand il fait étudier La Marseillaise (chant révolutionnaire avant de devenir hymne national) à ses élèves. Il est consterné que ces mêmes collègues le considèrent comme un « facho » parce qu’il proteste, au nom de l’égalité des sexes et de la laïcité, contre le port du voile. Il a renoncé à l’écologie depuis que des écolos prétendent que les terroristes financés par l’argent des théocraties pétrolières sont comparables aux Résistants. Il ne s’explique toujours pas pourquoi la gauche a fait réélire un ex-banquier d’affaires qui brade ce qui reste de notre patrimoine industriel aux fonds de pension américains. Il est désolé, enfin, qu’aucun média prétendument de gauche n’ait accepté de publier son témoignage parce que «dans le contexte actuel, ce serait faire le jeu de l’extrême droite »...
Au lendemain de la douloureuse commémoration des assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard par des islamistes, M.H a été confronté à un parent d’élève qui a fait preuve de violence verbale. Il témoigne.
Marc Hellebroeck : Peux-tu résumer ce qui s’est passé ?
M.H. : La semaine avant les vacances de la Toussaint, alors que je quittais ma salle, un homme a fait irruption dans le couloir en montrant...