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Contre le protectionnisme américain, les ultralibéraux en appellent à… Jean sans Terre !

OPINION. Pour tenir tête au protectionnisme américain mis en place à travers l'Inflation Reduction Act, certains économistes libéraux prônent une large ouverture à la concurrence. Une idée absurde, voire dangereuse, selon notre lecteur.

/2023/01/EuroDollars


L’extrémisme capitaliste pensait avoir son modèle aux États-Unis. Zut ! Voici que les Américains deviennent sullo-colbertistes… C’est-à-dire qu’ils pensent que, lorsque l’intérêt national le rend nécessaire, un État est fondé à adopter des mesures juridiques, fiscales ou financières : soit pour freiner des importations qui détruisent son tissu industriel, soit pour créer ou développer des filières en retard ou d’avenir. Tous les pays, sans exception, qui ont construit (ou reconstruit après une guerre) leur économie et leur industrie ont procédé ainsi. Mais les extrémistes du capitalisme psalmodient sans fin leurs mantras : « Rien ne vaut la concurrence. » Ils y ajoutent aussi la déréglementation, la réduction des charges sociales et de la fiscalité, l’effacement de l’État, et la redistribution des richesses en cascade : les très riches abonderaient par leurs dépenses les plus modestes, ainsi réduits au rôle du rat des villes de la fable.

Pourtant, sans craindre la suspicion de conflit d’intérêts, voici que l’avocat spécialiste en fiscalité internationale, Jean-Philippe Delsol, tente de nous persuader du fait que « face au protectionnisme américain, il faut l’ouverture à la concurrence ». (Contrepoints, 16 décembre) Il est utile de signaler le pedigree de ce juriste, auteur de l’Éloge de l’Inégalité (sic) (éd. Manitoba/Les Belles Lettres, 2019). Il en fut récompensé par le Prix Institut Hayek de l’Université de Iasi (Roumanie). Il est aussi président de l’IREF (Institut pour la recherche économique et fiscale) dont la raison d’être affichée sur leur site est : « Think tank libéral et européen fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer la recherche indépendante sur des sujets économiques et fiscaux. L’institut est indépendant de tout parti ou organisation politique. Il refuse le financement public. » Mais il n’est pas dit quels financements privés il accepte… Quant à la revue...

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