En 1974, lors de l’entre deux-tours de l’élection présidentielle, le candidat Valéry Giscard d’Estaing reprocha en direct au président Mitterrand sa trop grande vertu d’âme : « Vous n’avez pas, Monsieur (....), le monopole du cœur ! » Cette apostrophe médiatique, archivée et ressassée, restera célèbre jusqu’à nos jours pour guider les peuples sur la bonne voie. Le chemin fut long, mais pourtant, maintenant, nous pouvons l’admettre : en 2023, des plateaux de télévision, en passant par internet jusqu’aux petits comités de quartier, tout s’est pourvu d’ » engagement ». Un homme neuf et flamboyant — « engagé.e » — aux faits des dernières injustices et turpitudes du monde moderne, s’est déclaré porteur d’un espoir nouveau. Nous vous expliquerons rapidement, si ce n’est déjà fait, comment vous aussi le devenir.

L’engagé : un individu résilient

L’ » engagé » est un peu moins qu’un homme révolté et un peu plus qu’un simple citoyen. Mais disons qu’il est contre, qu’il ne le montre pas, et se bat pour. Ou, il ne se bat pas vraiment, mais fait en sorte de « quand même », voyez-vous, agir en silence pour un monde meilleur.

Il s’octroie par ailleurs quelques moments de lutte, à la terrasse d’un bar bio ou bien lors d’une réunion professionnelle. À la limite, il peut se rendre à une manifestation, mais pas trop, pas tout le temps, il ne veut pas se compromettre et se confondre avec quelques violences que ce soit.

Bon, c’est un révolté assis, qui sait aussi se lever, pas forcément le poing avec, mais c’est tout comme. Car il sait où sont les limites, connaissant les apories du contrat social, et notamment comment montent les totalitarismes. Donc, le poing est baissé, mais serré autour de la pomme. Il veut être en accord avec lui-même, et faire le jeu d’aucun parti, sait rester ouvert à la discussion, tout en ignorant...