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Déwokiser le nationalisme corse

CONTRIBUTION / OPINION. Contre un nationalisme corse tiers-mondiste et décolonial, Nicolas Battini défend une ligne enracinée qui ne perçoit pas la France continentale comme étant la cause de tous les maux de l’île de Beauté.

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Crédits illustration : © JOLY LEWIS/SIPA


Il y a des destins qui épousent des trajectoires romanesques dignes des héros les plus célèbres de notre littérature. Incontestablement celui de Nicolas Battini a un petit côté Edmond Dantès. Comme le comte de Monte-Cristo, le président du tout nouveau courant nationaliste corse, Palatinu, est allé en prison et en est sorti avec un projet. Mais contrairement au héros de Dumas, l’ancien prisonnier de la Santé, puis de Borgo, ne verse pas dans la machine infernale de la vengeance, mais prend sa revanche contre ses illusions perdues tout en réglant ses comptes avec les nationalistes insulaires. C’est ce destin à la Dumas que l’on découvre en lisant Le sursaut corse, un récit autobiographique dans lequel se logent une réflexion politique et la profession de foi du palatinisme.

Un Corse hors-sol est une anomalie. Battini est Corse et comme tout Corse qui raconte une histoire, il débute par le commencement, ses origines, ses racines, la terre où il est né. Sa famille est issue de la classe moyenne de Corte, et comme la très grande majorité des Corses, ses membres ont servi l’État français, son père en tant que policier et son grand-père maternel, d’origine berbère, en tant que soldat de la 2e division blindée en 1944. C’est pour préserver la terre de ses ancêtres qu’il s’engage dès l’âge de 15 ans dans le militantisme indépendantiste corse dans sa version radicale. « La reconnaissance du peuple corse, la défense de la langue corse, la corsisation des emplois… » Derrière ces revendications adressées à l’État français, perçu comme l’ennemi à combattre, se dresse la menace de la dépossession identitaire.

C’est cette angoisse existentielle qui le pousse à taguer le slogan nationaliste « Lingua corsa ufficiale » et à encastrer une voiture dans une porte de sous-préfecture. Il est condamné à 8 ans de prison. Entre...

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