Du bon usage de la repentance
OPINION. Pourquoi les Européens sont-ils à ce point rongés par la mauvaise conscience ? Pourquoi n’arrivent-ils pas à se délivrer de leur passé ? Les autres peuples n’ont pas de ces états d’âme.
« Ils ne passeront pas ! C’est une atteinte intolérable aux valeurs de la République ! Nous défendrons jusqu’au bout la liberté d’expression ! La laïcité est notre bien commun le plus précieux ! Nous serons d’une fermeté exemplaire ! » Etc.etc.
Vingt fois, on a entendu ces rodomontades, ces déclarations martiales, vingt fois on a vu ces coups de menton : à chaque attentat perpétré par un fou d’Allah. Dans la foulée, la police fait des descentes dans quelques nids islamistes, on dissout des associations prônant le séparatisme religieux, on expulse un ou deux imams…
Et ça recommence comme avant : ce terrorisme absurde, stupide, perpétré par des semi-analphabètes, ce dévoiement obscurantiste, continue tranquillement de pervertir les esprits les plus faibles – au grand dam des musulmans modérés et éclairés. Car si la répression est utile, elle ne s’attaque pas, par définition, à l’origine du mal.
Toute religion porte en elle les germes du fanatisme : l’histoire du catholicisme (en France et ailleurs) en est une démonstration éclatante, depuis la persécution des Cathares et la création de l’Inquisition (13esiècle) jusqu’aux dragonnades sanglantes de Louis XIV, en passant par les guerres de religion qui firent, à la fin du 16e siècle, des centaines de milliers de victimes.
L’Islam, évidemment, n’échappe pas à cette règle. Et pas seulement pour des raisons religieuses. Le monde musulman, battu puis colonisé par l’Occident, ne se remet toujours pas de cette humiliation. Même dans les pays qui n’ont pas subi le joug colonial - comme l’atteste, par exemple, l’agressivité actuelle de la Turquie en Méditerranée. D’autant que, plus d’un demi-siècle après avoir accédé à l’indépendance, il subit toujours la domination économique, technologique, culturelle et politique de l’Occident. Domination qui peut aller jusqu’à l’intervention militaire (voyez la guerre du Golfe, celle d’Irak, celle de Lybie, qui ont mis le Proche-Orient à feu et à sang...