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Éducation nationale : pour tous nos renoncements (partie 1)

CONTRIBUTION / OPINION. Dans ce triptyque, notre lecteur passe en revue les différentes facettes de l’Éducation nationale sur lesquelles le pays a courbé l’échine. Premier constat : celui d’un double renoncement institutionnel.

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Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation nationaleCrédits illustration : © FRED SCHEIBER/SIPA


Renoncer. On a tous un jour renoncé à quelque chose. Mais renoncer à quoi exactement ?

Renoncer à ses rêves d’enfant ? Faire fi de ses convictions ? Enterrer ce que l’on pense, ce à quoi l’on croit, ses principes chevillés au corps ? Oublier ses engagements ? Déposer les armes ? Accepter l’inacceptable ? C’est un peu tout ça à la fois.

À force de subir, même si les couleuvres sont à chaque fois plus longues à avaler, on finit par céder. On finit par renoncer, on finit par tout accepter. La pression est trop forte. Un petit renoncement au début puis, quand son amertume est passée, le deuxième paraît moins pénible… Finalement, on finit par renoncer, on baisse les bras, on abandonne, on se résigne à dire « oui ». Car on finit par se sentir seul à résister, même si ce n’est pas forcément le cas et on acquiesce, la mort dans l’âme.

Parfois, on est contraint directement à renoncer. L’État ? Les hommes politiques ? Les lobbies ? Les conséquences du capitalisme ? Parfois, c’est plus insidieux : la lassitude s’installe et l’autocensure l’emporte.

Renoncer. Quel que soit son métier. On est tous un jour amené à renoncer : le médecin qui doit subir le système hospitalier, l’infirmière qui gère mille patients, une aide-soignante qui est chronométrée pour les toilettes des pensionnaires des EHPAD, la caissière qui doit enchaîner les clients en un temps limité, l’enseignant qui doit apprendre les bonnes manières à ses élèves…

Je suis professeur des écoles, la quarantaine naissante, d’une génération qui a connu les derniers frétillements d’une école encore un tant soit peu ambitieuse et élitiste, au sens noble du terme.

Je suis professeur des écoles et je ne veux pas renoncer.

Il y a un siècle, dans une France majoritairement rurale, l’instituteur fait partie des notables ; on vient le consulter, les villageois lui confient...

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