Éducation nationale : redéfinissons les rôles !
OPINION. Face aux difficultés qu’éprouvent les professeurs pour transmettre les savoirs les plus élémentaires aux écoliers, notre abonné, directeur d'école en Seine-Saint-Denis, appelle à une refonte de l’Éducation nationale, qui passerait principalement par redéfinir le rôle de chacun.
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Directeur d’école élémentaire en éducation prioritaire en Seine-Saint-Denis, le département que tout le monde s’accorde à placer bon dernier dans les études nationales métropolitaines, je pense avoir acquis une expérience de terrain qui m’autorise certaines réflexions.
Je n’ai plus d’élèves en tant qu’enseignant depuis 6 ans car mon école est devenue assez importante (260 élèves) pour que je sois totalement déchargé de classe. Mais j’ai longtemps enseigné dans les quartiers prioritaires et je continuais d’avoir la classe en partie, quand j’ai pris la direction de l’école où j’exerce actuellement. Depuis 12 ans, je suis « le pilier », « le centre » de cette école, et pourtant non reconnu officiellement comme cela par l’éducation nationale. Déjà le sentiment d’une perte de sens quand le directeur n’est réellement décisionnaire que pour les partenaires de l’école, mais pas pour l’école elle-même, car le système continue de le considérer en tant qu’enseignant comme les autres, mais chargé de la direction.
Mais je ne veux pas parler de moi trop longtemps. C’est bien l’édifice « Éducation nationale » qu’il faut déconstruire pour le remettre sur pied et éviter aux élèves de désapprendre ce que nous essayons de leur apporter.
Le constat est terrible. Froid. Et sans équivoque. Nous n’arrivons plus, depuis longtemps déjà, à faire acquérir à une grande majorité d’élèves les bases des savoirs du collège. Nous devons changer notre fonctionnement de fond en comble à l’école élémentaire afin d’espérer de nouveau transmettre les éléments de connaissances qui ont fait la gloire de notre école française. Revenir à l’essentiel, retrouver le goût d’apprendre, et accompagner chacun dans le respect de l’autre.
L’école élémentaire se perd en labyrinthes idéologiques et pédagogiques, où les enfants n’ont pas souvent la place qu’ils méritent : c’est-à-dire la place du centre. Ils ne doivent plus être des objets d’étude mais devenir à nouveau des sujets...