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L’école au service du marché

CONTRIBUTION / OPINION. L’Éducation nationale française en arrive à un cruel paradoxe. Elle se montre à la fois incapable de préparer les élèves au marché de l’emploi et impuissante face aux assauts du marché, prêt à avancer ses poins là où l’État recule.

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Crédits illustration : ©Gabrielle CEZARD/SIPA


Programmes et concours hors sol, recrutements et affectations kafkaïens, chute vertigineuse du niveau côté élèves comme côté profs, dévalorisation sociale et salariale du métier : l’éducation nationale cumule les handicaps et reproches, fondés ou non. Il existe toutefois un domaine dans ce secteur, bien réel, qui a toujours fait l’unanimité contre lui : celui de l’orientation, ou plus exactement de son manque et de son inefficacité. Un déficit très réel s’expliquant par des causes bien précises et ayant des conséquences tout aussi concrètes.

Parents pauvres


Première étape pour comprendre cette problématique : l’absence totale de ponts entre le monde de l’Éducation nationale et celui de la formation continue. Deux univers en apparence proches, mais que tout oppose : les premiers ignorent les seconds, vus comme les éternels parents pauvres de l’offre de la formation, comme d’ailleurs tout ce qui ne rentre pas dans leur bulle coupée de la réalité. Lesquels seconds récupèrent, entre autres missions, les perdants et laissés pour compte du système scolaire traditionnel. Emploi garanti à vie sans autre contrepartie que l’absence de choix d’affectation contre la précarité institutionnalisée, en somme – ce qui n’émeut d’ailleurs pas grand monde.

On en arrive au nœud du problème : comment demander à l’Éducation nationale d’orienter correctement ses élèves et étudiants dans le monde professionnel quand l’écrasante majorité du personnel qui la compose n’a jamais envoyé un CV ou une lettre de motivation ? Une incapacité et un refus à agir qui a pour conséquence directe de perpétuer et même d’aggraver les inégalités entre classes sociales (aux enfants de milieu aisé de bénéficier du réseau social et culturel de papa et maman, aux autres de se le créer seuls), mais aussi, tendance en forte augmentation ces dernières années, à l’apparition d’un secteur entièrement guidé par une logique marchande s’engouffrant dans cette faille.

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