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Jean-Paul Brighelli : « Les têtes soigneusement évidées par le pédagogisme sont désormais disponibles pour la charia »

ENTRETIEN. Quatre ans après le meurtre de Samuel Paty aux mains de l'islamisme, un an après celui de Dominique Bernard, l'école de la République (ou ce qu'il en reste) constitue toujours, au delà du symbole, un champ de bataille stratégique. Pour l'essayiste Jean-Paul Brighelli, les réponses politiques peinent à être à la hauteur de l'enjeu. Et l'effondrement guette.

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© UGO AMEZ/SIPA


Front Populaire : Il y a quatre ans, Samuel Paty était assassiné par un islamiste tchétchène. L’année dernière, c’était au tour de Dominique Bernard. Du côté de l’Éducation nationale, des leçons ont-elles été tirées de ces deux drames, ou bien l’heure est-elle encore au “pas de vagues” ?

Jean-Paul Brighelli : Une bien curieuse cérémonie a eu lieu dimanche à Arras. Mozart et des fleurs : il n’y manquait qu’un feu de camp pour que l’atmosphère boy-scout soit complète. Aucun des intervenants n’a prononcé le mot « islamisme ». Pour l’avoir fait moi-même en direct sur Cnews, j’ai été immédiatement censuré par l’animateur : l’heure était paraît-il au consensus — un mot qui commence mal. Or, ce sont bien des islamistes qui ont assassiné Samuel Paty, Dominique Bernard, ou les journalistes de Charlie Hebdo. Mais il est pour l’heure déconseillé de le dire. Plus que du « pas de vague », c’est de la dhimmitude.


L’École est la pièce maîtresse du dispositif de conquête, comme elle a été jadis la pièce essentielle de construction de la République.


Rappelons enfin que le collège où Samuel Paty enseignait vient tout juste d’accepter d’être renommé Samuel-Paty : j’avais fait la suggestion le jour même de sa mort au ministère Blanquer, qui y était très favorable. Ce sont les enseignants qui s’y sont longtemps opposés, afin de ne stigmatiser personne — et par trouille pure, plus probablement.


FP : On a pu lire que Dominique Bernard avait été assassiné « parce qu’il était enseignant ». L’école est-elle une cible privilégiée de l’islamisme ? Si oui, pourquoi ?

JPB : Les Frères musulmans, qui sont à la manœuvre derrière l’entrisme islamiste, ont compris — comme jadis Gramsci ou Mao — que le facteur idéologique était déterminant en dernière instance. Surtout quand on ne peut pas agir sur l’économie. Les têtes soigneusement évidées par des pratiques pédagogiques « constructivistes » sont désormais disponibles...

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