Emmanuel Macron, le président stagiaire
CONTRIBUTION / OPINION. Depuis qu’il est aux manettes, Emmanuel Macron semble continuellement découvrir le pays qu’il est censé diriger. Mais Jupiter a beau faire l’expérience du réel, il ne trouve pas son chemin de Damas pour autant.
On en viendrait presque à regretter que Macron ne soit pas éligible pour un troisième mandat, après celui-ci. Comme un stagiaire de l’ENA propulsé à la tête d’une obscure préfecture qu’il ne connaît pas, c’est en dirigeant que le jeune Emmanuel poursuit son apprentissage. Pour le jeune Emmanuel, l’obscure préfecture se nomme la France, et le stage de l’ENA dure désormais depuis près d’une décennie.
Depuis dix ans, jeune Emmanuel se fait les dents à mesure qu’il découvre du pays. Lui, le météore, propulsé un peu trop vite aux plus hautes cimes de la France, paraît, à mesure de l’avancement de son mandat, comprendre un peu plus de ce pays qu’on lui a demandé de diriger. Propulsé vite, trop vite, Macron fut le président d’un pays qu’il n’avait pas eu le temps de connaître ; comme un stagiaire de l’ENA, c’est au commandement, au gré des crises qu’il doit affronter, qu’il apprend, qu’il découvre, qu’il parfait sa connaissance de son pays. Lui, le produit des grandes métropoles mondialisées, avait d’abord découvert, c’était au début de son mandat, qu’il existait une France au-delà de l’horizon des grandes métropoles. Propulsé un peu trop vite, il n’avait pas vraiment eu le temps de parcourir la France qui se trouve loin des aéroports, loin des centres-villes, loin de sa start up nation, et derrière les grandes tours des banlieues qui cernent la grande métropole. Il a découvert, grâce aux Gilets jaunes, la « France du périurbain », qu’avait décrite Guilluy dans La France périphérique, plus tard rebaptisée par un terme plus juste, de « France des sous-préfectures », par Jérôme Fourquet.
Il avait plus récemment découvert la réalité des banlieues, après les émeutes de 2023 ; il avait compris qu’elles étaient largement confrontées à la violence et à l’ensauvagement, loin des fééries de la douce et...