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En ce temps-là

OPINION. Était-ce mieux avant ? Si certains voient le sens de l’histoire comme une ascension vers un progrès quasiment infini, notre lecteur observe avec nostalgie que les décennies précédentes étaient, à quelques égards, plus enviables que le temps présent.

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En ce temps-là, le génie français excellait autant dans la science que dans la biologie, dans le génie civil comme dans la mécanique, dans la haute couture comme dans l’énergie. Le Gouvernement savait et comprenait comment le pays fonctionnait à plus de dix kilomètres de la capitale. Il existait encore en France des entreprises capables de produire des biens utiles et solides, fabriqués par des personnels compétents, grâce à une éducation consistante, réelle et durable.

Les enseignants étaient motivés, compris, et soutenus par leur administration et leur hiérarchie. Les services d’ordre servaient à maintenir l’ordre, sans qu’un policier se suicide tous les deux jours, comme les agriculteurs abandonnés. Le système de protection sociale était équitable. Il n’était pas menacé par les échanges internationaux ou le capitalisme débridé. Les hôpitaux étaient correctement équipés et entretenus, situés à proximité, sans qu’une femme enceinte fasse cent kilomètres pour accoucher dans une ambulance. D’obscurs technocrates ne supprimaient pas des postes de soignants qu’ils n’avaient jamais vus pour que leur budget tombe juste. Les nouvelles normes ne fixaient pas la toilette d’une personne âgée en Ehpad à huit minutes, laissant seules une ou deux personnes pour prendre soin de quarante vieillards en deux heures tout compris. L’autorisation d’un médicament ou d’un pesticide ne dépendait pas d’un représentant d’intérêt et des visiteurs du soir. On n’applaudissait pas les personnels de santé épuisés pour oublier de leur donner un salaire décent.

Le marché n’était pas envahi, sous couvert d’accords de commerce, par des aliments relevant plus de la chimie que de l’agriculture. Les pots de vin et les commissions restaient décents. Leur immoralité ne dépassait pas un pourcentage à un seul chiffre. Les ministres connaissaient leur administration. Les hauts fonctionnaires ne devenaient pas oligarques à leur compte au bout de cinq ans de carrière, à un rythme...

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