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Hier ne meurt jamais

OPINION. En affirmant que la France a commis un suicide en tranchant la tête de son roi, Ernest Renan soulevait - fortuitement - une problématique contemporaine majeure. Lorsque le 21 janvier 1793, Charles-Henri Sanson mettait fin aux jours de Louis XVI, la politisation de l’Histoire de France commençait.

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En affirmant que la France a commis un suicide en tranchant la tête de son roi, Ernest Renan soulevait - fortuitement - une problématique contemporaine majeure. Lorsque le 21 janvier 1793, Charles-Henri Sanson mettait fin aux jours de Louis XVI, la politisation de l’Histoire de France commençait.

Si l’Histoire était écrite par les vainqueurs, il serait évident que le Moyen-Âge serait associé à l’obscurantisme, que la royauté serait nécessairement tyrannique. Cette conscience collective, implantée par les hussards noirs de la III ème République, n’a fait que semer les prémices d’un rejet de soi, de la France. D’aucuns affirment que l’Histoire de France commence le 14 juillet 1789, ce serait pourtant ignorer les créations antérieures à cette date, souvent reprises et associées au modèle républicain.

Ce n’est pas Jules Ferry mais bien Louis XIV qui a rendu l’école obligatoire - jusqu’à l’âge de 14 ans. Ce n’est pas le décret d’Allarde mais bien Turgot - soutenu alors par Louis XVI - qui proposait la suppression des corporations. Ce n’est pas la bataille de Valmy mais bien la bataille de Bouvines qui a fait naître l’aurore d’un sentiment national - soit plus de cinq siècles en amont.

Ce rejet des évènements ante Révolution se transpose aujourd’hui dans un rejet pur et simple de l’Histoire de notre pays. Nous appréhendons l’Histoire à l’aune d’un regard contemporain. L’illustration la plus probante de ce propos réside en la loi Taubira en date du 21 mai 2001. Laquelle vise à faire reconnaitre la traite négrière comme un crime contre l’humanité. Beccaria (« Nullum crimen nulla poena sine lege ») doit ainsi se retourner dans sa tombe, nous appliquons une qualification juridique post Seconde Guerre Mondiale à des faits datant de siècles révolus. Si l’idée est louable, cela revient néanmoins à moraliser des évènements - quand bien...

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