Immigration en campagne : le bonheur était dans le pré
OPINION. Après la désertification des campagnes provoquée par la disparition des services publics, le projet de « repeuplement » des campagnes d’Emmanuel Macron grâce à l’immigration passe mal.
Le soleil se lève lentement derrière la colline. Le troupeau de montbéliardes change de pâture, au son des clarines de leurs chefs de file. Mon clocher comtois égrène par deux fois l’heure matinale. Plus tard, le calme du matin sera rompu par les rugissements lointains des tronçonneuses, car nous sommes environnés de belles forêts, dont les feuillus résistent de toutes leurs forces à la fois à la sécheresse, et à leur remplacement rampant (eux aussi…) par les résineux.
Mon petit-fils dort encore. Il vient juste d’avoir 3 ans, mais lui se souviendra de cette vie bucolique et douce, des chevaux et des vaches qui vivent dans les fermes autour de lui, et qu’il contribue à nourrir avec bonheur. Bien sûr, toute cette chance a une contrepartie : tout à l’heure, il devra prendre, si petit, le bus scolaire pour aller à son école, qui est à 10 km.
Sa petite sœur, qui fera dans quelques jours son entrée dans l’existence indépendante, aura-t-elle accès à la même qualité de vie, en osmose avec la nature ? Rien n’est moins sûr… Les territoires ruraux, que monsieur Macron veut à tout prix « repeupler » — créoliser, comme dirait Mélenchon — sont bien loin d’être des déserts, quoi qu’en pensent les zélites autoproclamées, bien que l’État français se soit efforcé de les rendre tels.
En effet, depuis des dizaines d’années, il les a dépouillés des facilités dont disposent à foison, et à grands frais, les villes et leurs banlieues : trains, bus, écoles, bureaux de poste, banques, commerces, médecins et hôpitaux, etc.
Mais nous avons retroussé nos manches, et créé des maisons médicales, pratiqué le télétravail, le covoiturage, l’entraide intergénérationnelle (en particulier pour les courses), acheté les produits des terroirs proches, cultivé nos potagers, inventé les vergers partagés, utilisé l’affouage pour nous chauffer au bois, etc. Nous accueillons...