Guerre

La déroute de 1940 et la situation actuelle (Partie 1)

OPINION. 80 ans plus tard, la défaite française de 1940 garde son lot de controverses. Pourtant, comprendre les ressorts de cet événement fondateur est essentiel pour éclairer notre époque.

/2021/03/10 MAI 1940

Longtemps, nous nous sommes posés des questions. Comment expliquer l'étrange défaite de mai 1940 ? Si l'historien Marc Bloch en dressa le contour avec sagacité, la frilosité de ses collègues étonne encore. La récente publication de La bataille de Sedan du général Yves Lafontaine nous incite d'abord à trouver des réponses sur les causes et les hommes, pour ensuite interroger le présent.

Pour expliquer Sedan à Winston Churchill, le général Gamelin dit : « Infériorité en nombre, infériorité en armement, infériorité en tactique. »Seule la dernière s'avère juste mais incomplète. En mai 1940, les Alliés avaient la supériorité numérique absolue avec 151 divisions (114 au front) contre 135 divisions allemandes (93 dans la première vague). L'infériorité en nombre est donc un mythe. Mais sur l'aile allemande d'attaque sud (disons un axe entre Namur et Longwy), il y avait 45 divisions contre 18 chez les Alliés : là où ils avaient décidé de porter leur effort principal, les Allemands avaient en effet la supériorité relative -le b.a.-ba du métier.

Pour que le plan allemand de la campagne de l'Ouest réussisse, l'ennemi devait y mettre du sien en fonçant dans la « porte à tambour ». Le 10 mai, sans attendre des précisions sur les attaques, Gamelin envoieimmédiatement vers le nord les 1ère, 7ème et 9ème armées avec le corps britannique : une faute indélébile sur un CV si brillant...

Concernant l'armement, nous avons un inventaire comparatif grâce à Karl-Heinz Frieser, et on tombe des nues. Commençons par l'aviation : les Alliés possédaient 4 469 avions dont 3 097 français, contre 3578 pour les Allemands. Mais le 10 mai, l'assaillant allemand a mobilisé 72,3 % de son matériel afin d'obtenir dans le ciel du front de l'ouest une large supériorité aérienne relative. En réalité, le taux mensuel de production de l'industrie aéronautique britannique dépasse en 1939 celui de l'Allemagne. En...

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