Guerre

La déroute de 1940 et la situation actuelle (partie 2)

OPINION. 80 ans plus tard, la défaite française de 1940 garde son lot de controverses. Pourtant, comprendre les ressorts de cet événement fondateur est essentiel pour éclairer notre époque.

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Après la présentation synthétique des causes de la déroute de Sedan, il convient d'établir le rôle de trois hommes. Le 14 novembre 1939 à Londres, devant le Conseil suprême interallié, le généralissime Maurice Gamelin présentait son plan Dyle, dans lequel la bataille décisive se déroule en Belgique : il est « en réaction » et « accepte d'emblée la perte de l'initiative ». En soi, le plan Dyle est intelligible et cohérent avec la ligne Maginot. Mais depuis dix ans, un ramassis de salonnards carriéristes et de galonnés coloniaux coiffait la grande muette. Dix ans de trop. Ils s'arc-boutaient contre la doctrine de la défense linéaire et du front fermé, le primat de la défensive et de la supériorité du feu sur le mouvement, alors qu'ils connaissaient les nouvelles armes performantes, puisque l'armée en était équipée. Alors voilà qu'au lendemain de la campagne de Pologne (du 1 septembre au 6 octobre 1939), comme frappé de paralysie, Gamelin « reste convaincu encore que le rôle de l'aviation est surtout moral, que les chars allemands, beaucoup trop légers, sont tout juste comparables à des automitrailleuses et que, face à l'ampleur des effectifs et des systèmes fortifiés, ils seront incapables d'imposer une guerre de mouvement sur le front occidental ». Un tel aveuglement est fautif. En second lieu, nous reprochons à Gamelin d'avoir ajouté en mars 1940 la variante Breda au plan Dyle : ce n'était plus 15 divisions alliées mais 30 qui devaient opérer en terres belgo-hollandaises. Pour ce faire, Gamelin retirait de Reims la 7ème armée française, ce qui le privait d'une réserve centrale derrière Sedan : une pure hérésie. En troisième lieu, nous reprochons à Gamelin d'avoir déclenché la manœuvre Dyle - Breda le 10 mai sans connaître l'axe de l'effort principal allemand. C'est la faute d'un psychorigide qui contredit sa propre instruction du 12 août 1936 : « D'une façon...

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