Commençons dans cette première partie par la lutte de l’État israélien contre le Hamas, et d’abord par ne pas ajouter du malheur au monde en mal nommant les choses : le Hamas n’étant pas un État, son attaque terroriste du 7 octobre ne doit pas être qualifiée de crime de guerre, mais de crime contre l’humanité.

Nous sommes en présence d’une lutte asymétrique entre deux forces dont les moyens militaires, financiers et économiques ne sont pas comparables. Dans ce cas de figure, la partie la plus faible frappe vite et brièvement (ou bien sourdement et lentement) sur tous les champs de bataille (économique, politique, militaire, etc.) : c’est la guerre hors limite des colonels chinois Qiao Liang et Wang Xiangsui. Le massacre du 7 octobre est un acte terroriste qui vise à entraîner Israël dans une légitime réaction sanglante, mais hélas disproportionnée : c’est un piège, comme le dit le général Vincent Desportes dans un entretien du 24 octobre sur BFM TV. De ce général, il serait souhaitable que la riposte de l’État israélien s’inspire un peu, puisqu’en territoire urbain, il faut traiter les problèmes essentiellement humains : « La cible de l’action n’est plus l’adversaire, mais la population. Il s’agit, au cœur des villes, de gagner le combat de l’adhésion tout en construisant le “contrat social” », écrit le général dans La guerre probable, penser autrement (Economica, 2e édition 2008).

Malheureusement, durant ce même entretien sur BFM TV, le porte-parole de l’armée israélienne, le colonel Olivier Rafowicz, employa sciemment le terme de guerre totale : « Nous allons mener cette guerre de manière totale, je pèse mes mots », a déclaré le porte-parole de Tsahal. Selon la définition de Clausewitz, le but de la guerre totale est l’anéantissement de l’adversaire. Parce que les mots et les concepts ont un sens, la France devrait s’interroger : depuis des...