GéostratégieGéopolitique

La France a-t-elle encore son mot à dire sur la scène internationale ?

CONTRIBUTION / OPINION. Le monde est en train de se diviser en deux blocs : d’un côté l’Empire composé par les États-Unis et ses vassaux, de l’autre un monde multipolaire dominé par des États civilisationnels. Dans une telle configuration, reste-t-il une place pour une France indépendante ?

/2023/04/Geopolitique-France-Monde-Multipolaire-Imperialisme


En appelant, lors de son voyage en Chine, l’Union européenne à ne pas être « suiviste » de Washington, Emmanuel Macron a provoqué l’ire de nombreuses chancelleries européennes dont l’Allemagne, la Pologne et les pays baltes. En tant que membres de l’alliance transatlantique, ces pays craignaient qu’un tel geste révèle le désintérêt européen pour Taïwan — qui un sujet primordial pour les États-Unis. « Macron recommence. Il s’exprime à Pékin sans aucune autorisation de l’UE. Il organisera alors certainement des garanties de sécurité pour l’Ukraine tout seul », a déclaré Metin Hakverdi, un législateur du Parti social-démocrate allemand. Après s’être fait taper sur les doigts, le gouvernement, par l’entremise du ministre de l’Industrie et des Entreprises, Roland Lescure, rétropédala en déclarant que la France « s’oppose à toute modification du statu quo » sur le statut de l’île revendiquée par la Chine. Tout cet imbroglio démontre une chose : la marche de manœuvre géopolitique de la France se réduit inexorablement.

La fragilité de l’Occident


Tout le monde l’a bien compris : même si les États-Unis ont attaqué indirectement la Russie par leur soutien à l’Ukraine, leur véritable adversaire est la Chine. Si ces derniers désirent impérativement que l’ours russe subisse une défaite, c’est surtout pour mieux se retourner sur le dragon chinois qui lorgne de plus en plus sur Taïwan. C’est pour cela qu’il faut que Kiev tienne pour envoyer un message positif à Taipei.

Malgré les discours de certains Occidentaux, il est certain que la Chine a tout intérêt à ce que la Russie ne perde pas cette guerre. Persévérant dans sa diplomatie bâtie autour de la prudence, de la réflexion et du calcul, Pékin entraîne petit à petit Washington dans le « piège de Thucydide ». Renvoyant à la guerre entre Sparte et Athènes qui se déroula de 431 à 404 av. J.-C., cette expression fut...

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