C’est l’histoire d’un entrepreneur qui décide de vendre sa société sans en parler à ses associés. Une fois la vente conclue, il décide de casser le contrat pour se déclarer unilatéralement seul gérant à bord après avoir fait semblant d’hésiter entre différents repreneurs alors que la marché avait pourtant été remporté par un acquéreur. C’est un peu le feuilleton que joue sous nos yeux en ce moment Emmanuel Macron quant au choix d’un nouveau premier ministre. Retour en quatre étapes sur un braquage institutionnel sans équivalent sous la Ve République.

Acte 1 : Dissolution

9 juin 2024, un peu plus de 21 h : suite à la défaite de son parti aux élections européennes, Emmanuel Macron, sans même avoir pris le temps de consulter son Premier ministre et le président du Sénat, annonce la dissolution de l’Assemblée nationale. Il sait très bien que la tenue d’élections législatives trois semaines après une défaite de son parti ne pourra être que très favorable au Rassemblement national, grand gagnant du scrutin européen.

Curieuse démarche de la part d’un soi-disant « rempart républicain » élu par défaut à deux reprises pour justement éviter l’arrivée au pouvoir du RN. Décrédibiliser ce parti en le propulsant à Matignon, le laisser gouverner pendant trois ans afin de le disqualifier pour la présidentielle de 2027 ? Pari gonflé et surtout cynique digne d’un pompier pyromane, mais stratégie contrecarrée par un fait majeur que le président n’avait pas vu venir : le bloc de gauche, encore en miettes le 9 juin au soir, se remet en ordre de marche en moins de 48 h sous la bannière du Nouveau Front Populaire, programme commun en sus comme du temps de la gauche plurielle des années Jospin.

Acte 2 : Marginalisation

Ce retournement de situation prend tout le monde de court et remet à plat le plan élyséen...