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La France au bord du gouffre : déficit commercial et dette publique (partie 2)

CONTRIBUTION / OPINION. Après avoir fait le constat d’une productivité en chute libre, nous allons nous pencher sur le déficit du solde commercial dans cette deuxième partie.
Première partie de l'analyse à lire ici

/2023/06/economie-deficit-ecterieur


Le solde commercial s’est d’abord dégradé lentement depuis la fin des années quatre-vingt-dix (graphique ci-dessous), puis le déficit s’est aggravé brutalement depuis mi-2021. Le déficit commercial est maintenant de 160 Md€ sur les douze derniers mois, ce qui représente 7 % du PIB.


Source : Insee et Douanes


Le ralentissement de la productivité est le principal élément explicatif de la dégradation de notre commerce extérieur au cours des vingt dernières années. De manière schématique, l’enchaînement causal est le suivant [1] : la faible croissance de la productivité entraîne — toutes choses égales par ailleurs, en particulier les salaires horaires et les taux d’intérêt — une hausse plus forte des coûts unitaires de production en France que dans les pays qui ont su maintenir une croissance forte de la productivité. Les entreprises françaises tendent à répercuter ces hausses de coûts dans les prix qu’elles pratiquent — au moins en partie, car la compression des marges a des limites. En système de changes flexibles, face à la tendance à la perte de compétitivité, la monnaie nationale se déprécierait, ce qui limiterait in fine les pertes de compétitivité — au prix, il est vrai, d’un renchérissement des importations, mais l’effet sur notre solde commercial finirait malgré tout par être positif. Mais depuis le passage à l’euro, nous ne disposons plus de ce mécanisme d’ajustement, et la compétitivité de l’industrie française se dégrade inexorablement, avec pour conséquence l’apparition d’un déficit commercial substantiel. Le même mécanisme est évidemment à l’œuvre dans les autres pays d’Europe du Sud.

L’aggravation en 2021 résulte en revanche davantage d’une dégradation des termes de l’échange [2]. La reprise de l’activité en 2021 après le choc de la crise sanitaire s’est traduite par des tensions importantes sur les marchés mondiaux des matières premières et de l’énergie. L’inflation que nous connaissons à...

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