Si cela tend à changer aujourd’hui avec la montée de la mouvance dite décoloniale, pendant la seconde moitié du XXe siècle, la Shoah représentait l’horreur absolue dans l’inconscient collectif occidental. Aussi, plusieurs enfants du baby-boom ou de la Génération X, dont je suis, se sont posé la question : qu’aurais-je fait si j’avais été français sous l’Occupation allemande à partir de juin 1940 ? Collabo ou résistant ?

Évidemment, il est beaucoup plus agréable de s’imaginer en héros plutôt qu’en escroc. Mais qui peut, en toute honnêteté, dans le contexte délétère de l’époque, avancer avec certitude qu’il ou elle aurait été du côté noble de l’histoire ?

C’est ce que rappelle, entre autres, Le Barman du Ritz de Philippe Collin publié chez Albin Michel à la rentrée 2024. Essayiste, scénariste de bandes dessinées, homme de radio féru d’histoire, l’auteur nous plonge dans l’univers de Frank Meier, considéré comme étant le meilleur barman du monde, notamment grâce à l’aura que lui a conféré le succès de son livre The Artistry of Mixing Drinks, publié alors qu’il officiait à New York et dans lequel il dévoile les secrets de son alchimie.

Désormais installé à Paris, le personnage de Frank Meier, qui a donc vraiment existé, deviendra donc Ze Barman du prestigieux Ritz, situé place Vendôme à Paris.

Endroit prestigieux s’il en est, où les hauts gradés de la Wehrmacht et toute la gomme de la société parisienne, dont Coco Chanel, Sacha Guitry, Jean Cocteau, Marie-louise Ritz et autres Arletty, se côtoieront dans une espèce de cloche de verre qui ne connaît ni les affres de la guerre ni les contraintes du rationnement.

Ajoutez à cela la présence de Hemingway, celle de Ernst Jünger, des velléités révolutionnaires, des intrigues politiques et un lourd secret qui pèse comme une chape de plomb : Meier est juif ! Tout comme...