Les Insoumis : islamo-gauchistes, héritiers de Mai 68 ou les deux ?
ARTICLE. Si certains cadres de La France insoumise draguent l’électorat issus de l’immigration – quitte parfois à agir comme un relai conscient ou inconscient du pouvoir algérien –, est-ce par idéologie ou par refus d’un certain conformisme ? Probablement un peu des deux.
La question mérite d’être posée : les Insoumis agissent-ils comme relais indirect ou conscient du pouvoir algérien ? Leurs prises de position récentes, notamment celles de figures, comme Ersilia Soudais, qui semblent prendre parti pour des influenceurs ayant attisé la haine contre la France et ses institutions, alimentent ce débat. Ces événements soulèvent des interrogations sur une éventuelle convergence d’intérêts ou une instrumentalisation mutuelle. Cependant, envisager une alliance directe avec le président algérien Tebboune ou avec des organisations comme le Hamas semble réducteur. Ce phénomène trouve plutôt ses racines dans l’héritage complexe de la contre-culture des années 1960.
Une contre-culture révolutionnaire devenue orthodoxie
Les années 1960 furent marquées par l’émergence d’une contre-culture résolument critique de l’ordre établi, prônant une révolution sociétale et culturelle. Pourtant, ces idées, autrefois marginales, se sont progressivement imposées comme les nouveaux dogmes dominants. Ce qui était une révolte énergique s’est transformé en un conformisme intellectuel, où se mêlent marxisme, néo-christianisme et moralisme universel.
Les slogans phares de cette époque — « L’humanité est une seule et même communauté », « Abolissons les frontières et l’impérialisme », « Le racisme est un mal absolu » — continuent de résonner. Mais leur énergie initiale s’est figée en dogmes, portés aujourd’hui par les héritiers de cette petite bourgeoisie intellectuelle qui compose une partie importante des Insoumis.
L’échec de la révolution et l’institutionnalisation idéologique
Les rêves de transformation radicale des années 1960 n’ont pas abouti à des révolutions concrètes. Cet échec a conduit à une cristallisation des idées en croyances absolues, imposées comme des vérités universelles. Le combat contre le patriarcat ou la société bourgeoise, par exemple, est passé d’une critique subversive à une posture doctrinaire, à la fois rigide et intolérante envers la complexité des débats.
L’universalité revendiquée par ces idées s’est heurtée à des paradoxes évidents : prôner l’émancipation individuelle tout en soutenant des régimes autoritaires ou...