L’esprit torve comme le cou d’un pendu, le professeur suggère que les prêtres « font danser » leurs confessés. Voilà le genre d’idée qui vient à l’esprit d’un islamiste rigoriste quand il évoque le sacrement de la confession. Ce rigoriste, c’est l’imam Iquioussen. Moquant les maîtres yogis, les soufis, et au passage tout le bouddhisme mahayana, il compare la méditation pneumatique à une consommation de drogue, une ivresse. Fermé à toute autre forme de pratique religieuse, Iquioussen promeut le pragmatisme de sa « religion concrète ». En effet quoi de plus concret que le dogme de la crainte de Dieu ? D’ailleurs qui peut se cacher du soleil qui ne se couche pas ?

L’effort de ne pas s’écarter du chemin de l’Islam, d’obéir en tout lieu et en tout temps, est indispensable au cas où la mort nous surprendrait en état de mécréance. Il faut demeurer musulman, c’est-à-dire stricto sensu demeurer « en état de croyance », autrement dit garder à l’esprit la crainte de Dieu. La crainte du courroux divin est le pendule du déséquilibre de cette éthique qui est effort (djihad), résistance au péché, tension permanente. La morale islamique est une morale de la vacillation, une discipline du refoulement. La culture de l’interdit y établit la démarcation d’avec la mécréance. La sanctuarisation de l’état de croyance qui est état de crainte est ainsi en même temps l’inévitable jugement de ce qui s’en écarte. Pas de fidélité à l’Islam sans anathème de l’infidélité. L’utilité de la doctrine, donc du prêche, c’est de lister et distinguer ce qui se fait de ce qui ne se fait pas, le Fas et nefas de l’éthique islamique. Un prêche islamique est foncièrement une leçon de morale concrète, dans un environnement donné, dans un contexte toujours marqué politiquement. La spécificité du prêche d’Iquioussen est qu’il se tient dans notre contexte républicain...