Les origines technocrates des deux hommes sont semblables. Tous deux issus de l’appareil, ils n’ont jamais acquis d’expérience de terrain avant d’accéder au pouvoir, ni dans la politique, ni dans l’économie, ni dans la gestion locale. Les relations de leurs épouses ont été déterminantes pour leur ascension, toutes deux enseignantes, l’une introduite par ce biais chez les princes rouges, ou l’autre chez les oligarques à la française, toutes deux très proches des milieux de la mode et de la haute couture, toutes deux très élégantes en public.

Les gouvernements français et soviétiques avaient cette même délectation de la technocratie. Les dégâts sont survenus plus vite et plus fort en URSS. Mais chaque jour qui passe voit le navire France sombrer un peu plus, au même rythme, par les mêmes maux, avec le gouffre abyssal du budget 2024, en plein moment des Jeux olympiques qui se présentent très mal, face à des pans entiers du territoire hors de contrôle, à l’explosion de la précarité, et avec des réformes montagnes qui accouchent d’une souris. Toujours plus d’impôts et toujours moins de services. De nombreux voyageurs passent la nuit dans des trains en panne, les femmes enceintes accouchent fréquemment dans des taxis avec la suppression des maternités, les enseignants, les pompiers, les policiers, les agriculteurs, les soignants, les EHPAD, et bien d’autres sont en situation quotidienne d’alerte et d’urgence, des répondeurs automatiques suppléent à l’absence totale de personnels dans les services, etc., etc.

Qui se souvient de l’empressement délicieux des ministres et des hauts fonctionnaires à assister aux « grandes commissions mixtes » franco-soviétiques, où l’harmonie sur les méthodes administratives et financières était totale. Tous les Premiers ministres et leurs cabinets pléthoriques s’y sont rués avec délices. La grande commission avait engendré une petite commission, puis de multiples sous-commissions, jusqu’à 54 organismes permanents dans un...