Différents médias reviennent, en ces premiers mois de 2023, sur l’échec des accords d’Alger qui étaient censés mettre fin aux violentes et sempiternelles tensions entre le nord et le sud du Mali. Ces accords avaient été signés, il y a 8 ans, dans la capitale algérienne (8 mai 2015). Par quels errements la France a-t-elle pu laisser s’éteindre la lumière et l’espoir nés d’une victoire éclatante de ses armes (en 2013), pour abandonner, à présent, le Mali aux sombres menées des islamistes et des bandes russes de Wagner ?

En 2013, en effet, Gao, Kidal, Tombouctou, avaient été prises, Mopti et Ségou investies, et surtout Bamako directement menacée par une blitzkrieg de colonnes de pick ups venues du nord, mais aussi d’Algérie et d’Afrique de l’Ouest (AQMI, MUJAO...).

La riposte de l’armée française, aidée par l’armée tchadienne, avait été fulgurante et efficace. Elle restera dans l’histoire sous le nom d’opération Serval. La capitale Bamako (plus d’un million d’habitants) était sauvée, et la reprise des villes occupées immédiatement entamée ; mais elle durera des mois. La France s’installe alors durant neuf ans dans l’opération Barkhane, jusqu’à ce que la énième junte militaire, circonvenue par les bandes Wagner et la Russie, intime à la France de quitter le Mali (en 2022). Ce qu’elle fit. Les analystes militaires anglo-saxons, en 2013, avaient admiré la maestria tactique et stratégique de l’armée française. L’opération Serval est désormais un modèle du genre enseigné dans les écoles de guerre.

Bien au contraire de la stratégie et des tactiques militaires efficaces mises en œuvre en 2013, les choix géostratégiques du gouvernement français de l’époque ont été désastreux : ou comment transformer une brillante victoire militaire en une défaite géopolitique grave.

Naïveté française

La première erreur commise par le gouvernement Hollande a été de se reposer sur l’idée, à courte vue,...