Missak Manouchian : entre juste reconnaissance et récupération politique
CONTRIBUTION / OPINION. La panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian était nécessaire et justifiée, aux yeux de notre lecteur. Mais il ne faut pas être dupe de la manipulation historique opérée par la macronie tendant à attribuer le mérite de la résistance à un camp politique particulier.
Ceux qui me connaissent savent mon engagement pour l’Arménie, ma lutte constante contre l’antisémitisme, mais surtout ma passion pour l’histoire. Je suis fier et satisfait que la France rende cet hommage et applique à ceux de l’affiche rouge, dont les convictions politiques ne sont pas miennes, cette reconnaissance que leur héroïsme et leur patriotisme sans faille méritait. Je n’ai pas attendu cette année pour découvrir, lire, connaître et respecter la mémoire et le combat de cet homme et de ses jeunes compagnons.
En revanche, la récupération politique qu’en fait le président, prétendant indigne la présence d’une formation politique élue, est tout simplement d’une indignité révoltante. Il est indigne, car notre Constitution est claire : une fois élu, un président est le garant de l’unité nationale et représente tous les Français de toutes les sensibilités, si en tous cas, leur sensibilité ne fait pas partie de celles, rares, qui sont interdites par la loi française. Il divise et clive dans un moment de mémoire nationale unitaire.
Mais il confond la hauteur d’une présidence (qu’il n’aura jamais) avec une élection européenne qu’il pressent catastrophique. Ce n'est pas beau… Il fait campagne autour d'un moment de mémoire nationale.
En tant que gaulliste, Pétain est pour moi un traître (ce qui n’enlève rien à son héroïsme de 14-18) et rien ne le dédouane au contraire dans les aspects les plus sombres de la collaboration, et en particulier de la honteuse déportation des juifs présents sur notre sol.
Cependant, il n’a pas obtenu les pleins pouvoirs de la représentation nationale, avec toutes les conséquences dramatiques que cela engendra, grâce aux voix de la droite, mais grâce aux voix de la gauche (très peu de ses voix manquèrent dans ce camp), pour lui donner cette tragique marge de manœuvre absolue dont il fit plus qu’abuser par la...