Samuel, tu désirais ardemment que ta vie et ta mort servent à quelque chose. Le sens de ton existence se cache dans le cœur de ceux que tu as croisé sur ton parcours. Il se niche au creux de leurs âmes aujourd’hui endeuillées. Je leur laisse le soin de nous conter, plus tard, ton aventure existentielle, eux qui t’ont connu, côtoyé et éprouvé. Lorsque leurs larmes auront séché, leurs mains cessé de trembler et leur gorge finie d’être nouées, ils nous diront quelle âme fut celle dont tu étais paré. Nul doute, à mon avis, qu’elle fût lumineuse, simple et généreuse.

Moi, je m’octrois le droit de m’exprimer sur le sens de ta mort car au-delà d’une atteinte à la vie d’une personne, c’est une offense faite à la France. Ton assassinat raisonne comme le meurtre de l’Homme. C’est une atteinte à la Vie. Cela nous afflige à plus d’un titre. Ton trépas frappe notre Nation en son cœur, notre Patrie en son âme et notre Pays en sa conscience. Ton décès endeuille la France. Submergés de colère, la tentation de la loi du talion est instinctive. La vengeance du sang pulse dans nos veines. Mais l’héritage des lumières coule aussi dans nos artères. Alors sans trop d’efforts je préfère faire couler l’encre et te narrer leur défaite, te conter ta victoire.

Le récit de ta vie n’est connu que de ceux qui t’ont approché mais l’histoire de ta mort sera connue de tous les Hommes ! Tu ne le sais peut-être pas, mais la faucheuse a fait de toi un immortel. Elle t’a ouvert la porte de la postérité, elle t’a fait entrer dans l’Histoire ! Celle-là même que tu enseignais à tes élèves. La grande Histoire, celle qui raconte la lente et douloureuse, mais implacable évolution de l’Homme. Plus aucun...