Mouvement des agriculteurs : pour que la gauche ne passe pas encore à côté
CONTRIBUTION / OPINION. Pour Nino Prin, président de l’Union des jeunes souverainistes, le mouvement des agriculteurs réunit toutes les causes oubliées par la gauche. Après avoir manqué le rendez-vous des Gilets jaunes par populophobie intériorisée, les politiciens de gauche vont-ils à nouveau louper le coche ?
Depuis bientôt 3 mois, les agriculteurs de France sont en lutte. Il aura fallu attendre la fin de ce mois de janvier pour que la révolte prenne de l’ampleur et s’intensifie. Comparable à la combustion spontanée que fut la révolte des Gilets jaunes, le mouvement ne fait que commencer et cette fois la gauche se doit ne pas rater le coche, c’est ce qu’explique Nino Prin, président de l’Union des Jeunes Souverainistes et militant communiste.
La coïncidence est quand même un peu grosse pour se suffire à elle-même, le chiffre trop rond pour rentrer dans le cadre de la simple raison : comment ne pas voir l’écho qui traverse de part en part les cinq ans qui séparent novembre 2023 de ce fameux mois de novembre 2018 ? Et pourtant nous y voilà, une nouvelle tentative du mandat Macron (le deuxième lui aussi) de saccager le prix de l’essence et par là les conditions d’existence des travailleurs de France. Ceux qui douteraient encore du caractère exceptionnel du soulèvement auquel nous assistons peuvent dissiper leur relativisme en regardant par-delà nos frontières, en Allemagne, en Roumanie, aux Pays-Bas, c’est toute l’Europe de la ruralité qui se lève d’une seule et même voix contre le libre-échange, contre l’abandon des États face aux normes et aux charges mal adaptées. Chez nous, ceux qui font battre le cœur de la plus grande surface agraire de la première puissance agricole mondiale marchent sur la tête et ont retourné plus de la moitié des panneaux de villes et villages de France pour le faire savoir. Rejoints dernièrement par les routiers, les boulangers, la grogne des champs touche à celle des villes dans une convergence logique rythmée de principes simples : vouloir vivre de son travail, contrôler les coûts de production, rejet de la « libre » concurrence entre pays fondamentalement différents, souveraineté...