ÉconomieEnergie

Nationalisation d’EDF : plus qu’une erreur !

OPINION. Les raisons pour lesquelles la décision de nationalisation d’EDF le mardi 19 juillet pourrait être non seulement une erreur financière, mais surtout une faute politique du gouvernement et de l’opposition qui, une fois de plus, se sont soumis à l’idéologie européenne.

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Sur décision du Prince et de son gouvernement, l’Assemblée Nationale a voté par 209 voix contre 156 la nationalisation d’EDF. Cette faible participation au vote reflète le niveau économique de cette assemblée : médiocre. Pourtant, les nationalisations de 1981 furent une longue bataille menée par l’ensemble des députés d’opposition.

La décision est simple à comprendre : l’État, détenant déjà 84% du capital d’EDF, se propose de racheter les 16% manquants au prix de 12 € par action, soit le haut de la fourchette fixée par les experts (entre 9 € et 12 € par action). Une OPA (offre publique d’achat) dont toute la presse, qu’elle soit de droite ou de gauche, s’est bien entendu félicitée en raison de l’apparente excellente affaire réalisée par les actionnaires ; la sauvegarde magnifique du bijou national par un État fantasmé qui sait tout sur tout depuis toujours, a fini par conquérir tous les coeurs. Mais, point n’était besoin d’une OPA, car avec 84% du capital d’EDF, le gouvernement avait toujours décidé de mener la stratégie qu’il voulait.

En outre, cette nationalisation aurait pu prendre la forme d’un échange d’actions d’EDF contre des obligations d’État, négociables au bout de sept ans et dont le taux de rémunération aurait varié en fonction des taux d’intérêts payés par les emprunts d’État. Au préalable, l’évaluation de la valeur de ces obligations aurait pu prendre en considération la rémunération normale de l’action EDF selon les taux d’intérêts historiques, ajustés des dividendes versés depuis l’introduction en Bourse de l’action EDF. Ainsi, en 2022, le petit actionnaire n’aurait pas été lésé par l’opération de nationalisation. Mécanisme complexe me direz-vous ! Eh bien, c’est pourtant ce qui avait été fait en 1981 pour certaines nationalisations, suite à la saisine du Conseil Constitutionnel par l’opposition de l’époque. Quand je vous disais que l’Assemblée nationale est en dessous de tout …

Enfin, le coût de cette OPA (9,7 milliards d'euros) aurait pu servir à financer une augmentation du capital d’EDF, quitte à assumer la dilution des petits actionnaires dans le dit capital ; au moins ces derniers auraient pu espérer valoriser sur le long terme leurs actions « peau de chagrin » et rêver à des jours meilleurs. Cette OPA est donc avant tout d’inspiration idéologique.

Cette OPA est d’abord la spoliation des petits actionnaires

Le cours d’introduction de l’action EDF était de 32 € en Novembre 2005, un prix déjà jugé trop cher par les analystes à l'ouverture de la cotation. Le petit actionnaire de l’époque avait souscris à cette « privatisation » partielle pour des raisons simples : un fleuron industriel contrôlé par l’Etat ne pouvait que les enrichir à terme. Ce fut un succès : 3,7 millions de petits porteurs souscrivirent au capital d’EDF! Tout le monde se réjouissait de voir les Français revenir en Bourse.

La privatisation fut menée en 2005 par le Premier ministre de l’époque, Dominique de Villepin, assisté de son ministre de l’Economie, un certain… Thierry Breton, aujourd’hui Commissaire européen, chargé notamment de la politique industrielle de l’UE. Thierry Breton fut entre 2005 et 2007 l'un des plus farouches artisans de la privatisation d’EDF ; et n’oublions pas, des privatisations (parfois partielles ou sous concessions) de Gaz de France, ADP, DCNS… et des autoroutes.

En 2005, pour lever tous les doutes quant à l’intérêt de cette privatisation, Thierry Breton avait garanti que le prix de l’électricité resterait modéré malgré les décisions de l’UE – pourtant déjà prises – de réguler les prix de...

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