Concurrence sur le marché de l’électricité : l’expérience a trop duré (partie 1)
CONTRIBUTION / OPINION. À l’heure où la France doit trancher des choix décisifs sur son avenir énergétique, l’instabilité politique et les carcans européens empêchent toute réforme. Faute de volonté politique et d’alternative crédible, le débat sur un retour à un monopole national reste interdit. Et si la solution passait par une vraie reprise en main souveraine ?
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Parmi les conséquences de l’instabilité gouvernementale actuelle, de nombreuses questions fondamentales pour l’avenir de la France risquent d’être mises de nouveau sous le tapis pour un moment. Le secteur de l’électricité n’y échappera pas, dans un contexte où les chantiers des EPR2 doivent être lancés au plus vite, où EDF fait face à un mur d’investissement, où le mécanisme de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) arrive à échéance dans moins d’un an, et où tout le monde s’accorde sur le fait que le fonctionnement actuel du marché est défaillant. Autant de sujets qui, pour être tranchés, nécessiteraient un exécutif ayant une vraie légitimité populaire, ce qui ne semble pas être le cas aujourd’hui.
La crise énergétique de 2021-2023 avait pourtant mis le coût de l’énergie au centre des préoccupations des Français et, par conséquent, l’approvisionnement énergétique au centre des priorités des politiques. On note que les mêmes qui, au cœur de la crise, s’offusquaient de l’absurdité du marché de l’électricité actuel et promettaient de le changer de fond en comble, ont été bien plus discrets lorsqu’il s’est agi, à froid, de pousser effectivement des réformes. Outre l’instabilité politique de ces derniers mois, et le primat donné au court terme dans le jeu politico-médiatique contemporain, la cause de leur inaction est plus profonde. Elle tient au fait qu’il s’agit d’une problématique où la marge des dirigeants au niveau national est en pratique extrêmement réduite une fois posé le postulat que notre pays resterait le bon élève de l’Union européenne. Car de ce postulat en découle un autre, à savoir que la France doit respecter ses engagements à libéraliser le secteur de l’énergie, un principe tellement ancré dans la construction européenne qu’on ne peut pas imaginer une unanimité des 27 pour le remettre en cause. Et une fois le maintien...