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Panthéonisation de Joséphine Baker : le dernier triomphe pour qui ?

OPINION. Dans notre époque « en même temps » macronienne, l’hommage pourtant bienvenu rendu à Joséphine Baker perd son caractère authentique. Surtout lorsqu’il est empoisonné par les enjeux électoralistes.

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« Née Américaine et ayant choisi la France, par ses engagements et combats, Joséphine Baker a porté haut la devise de la République française. Le 30 novembre 2021, elle entrera au Panthéon. » annonçait Emmanuel Macron le 23 août dernier sur Twitter.

La décision est tombée pendant le mois d'août, après des mois d’atermoiement sur le cas Gisèle Halimi, dont le passé d’avocate politique très engagée à gauche et altermondialiste ne plaidait plus tellement en sa faveur. Malgré les associations féministes, le conseil de Paris, les 34 000 pétitionnaires en ligne, les journalistes de gauche et Marlène Schiappa, l’engagement de la célèbre avocate à propos de la guerre d’Algérie conduisit le président Macron à renoncer à ce projet. Nous sommes à huit mois des élections présidentielles, et il faut éviter de donner de nouveaux signes pro-musulmans : les électeurs de droite n’apprécieraient pas forcément ce nouveau geste. Après Maurice Genevoix en novembre 2020, c’est donc au tour de Joséphine Baker d’entrer au Panthéon un an plus tard.

Il faut dire que pour Joséphine Baker, tout est différent : bien qu’elle fut aussi (mais très accessoirement) un temps pro-castriste, elle est née américaine, puis, est devenue gaulliste, résistante, féministe, droit-de-l’hommiste, multiculturaliste, artiste, ambassadrice de la haute couture française. Elle coche donc toutes les (bonnes) cases de la droite et la gauche, malgré une petite tendance homophobe. Alors, le Président optera pour Joséphine ! Quelle audace dirent alors les plus malicieux avec un brin d’humour de circonstance !

Vous noterez qu’Emmanuel Macron ne parlait pas de la couleur de sa peau ni de ses engagements pour la défense des droits des afro-américains : ce serait vulgaire, trop « woke », et pour tout dire, un peu trop électoraliste. Il est des évidences qu’il convient intelligemment d’éviter de rappeler, sous peine de passer pour un ignoble opportuniste politique… Et à ce jeu,...

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