« Pas de vagues » après la mort de Dominique Bernard
CONTRIBUTION / OPINION. Professeur de collège, notre lecteur raconte, avec amertume, sa rentrée après une fin de semaine marquée par la mort de Dominique Bernard. Trois ans après celle de Samuel Paty, rien ne semble malheureusement avoir changé.
Cet article présente une description factuelle d’une réunion de 2 heures dans un collège en province, après l’assassinat du professeur Dominique Bernard. Il ne prétend pas être représentatif de tous les établissements scolaires.
Ce lundi 16 octobre, à 8 heures, les 73 personnels de l’établissement sont tous réunis. Ambiance lourde. Les prises de paroles ont débuté par les considérations sur les exercices dits « plan particulier de mise en sûreté attentat intrusion » que nous avions faits jeudi 12, la veille de l’assassinat du Pr Bernard.
Dans un premier temps, l’échange a porté sur la sécurisation des lieux. Un collègue a indiqué que « l’événement était très grave et qu’il nous faudrait rester droits dans nos bottes », « que le terrorisme, c’est l’action de terroriser. Qu’il y a le terrorisme irlandais, basque ».
Après ces échanges, le silence épais a repris sa place. La direction de l’établissement me propose de prendre la parole. J’avais prévu de lire 2 textes : Le communiqué de presse du Comité laïcité république (CLR) et un texte personnel écrit pendant les nuits d’insomnie du week-end.
Le premier texte communiqué de presse du CLR (13 octobre 2023) par Gilbert Abergel appelle à une mobilisation générale.
Lecture terminée… Silence à nouveau. Quelques considérations d’un Pr d’histoire sur le « pas d’amalgames » puis des questions sur les plus jeunes élèves qui risquent d’être traumatisés. L’infirmière indique alors qu’il faudra accueillir leurs paroles.
La direction me propose de lire alors mon deuxième texte que voici :
Débattre pour ne pas se battre.
En s’attaquant physiquement aux professeurs, des terroristes islamistes visent notre modèle de société républicaine. Ici, dans ce collège, chacun a l’ambition de former des citoyens instruits, éclairés, capables de se déterminer librement et en toute conscience, en dehors de toute assignation identitaire et religieuse.
Notre ambition, c’est l’esprit des lumières, c’est-à-dire une manière de...