Pétition contre la loi Duplomb : l’indignation ne fait pas une politique agricole
CONTRIBUTION / OPINION. Avec plus d’un million de signatures en dix jours, la pétition contre la loi Duplomb impressionne. Mais l’émotion l’emporte-t-elle sur la raison ? Ancien député européen écologiste, notre contributeur dénonce une prise en otage du débat sur l’avenir de l’agriculture française au profit d’intérêts politiques médiocres.
:max_bytes(300000)/frontpop/2025/07/SIPA_sipa60037292_000009.jpeg)
Je tiens à dire au préalable que je n’ai aucune sympathie pour l’agriculture industrielle, ma préférence allant vers une agriculture paysanne et que je déplore aussi les orientations de la Politique agricole commune (PAC) de l’UE depuis sa création qui ont privilégié le prix et la quantité, au détriment de la qualité et des savoir-faire de nos terroirs.
Interpelé comme chacun par le tsunami rencontré par la pétition contre la loi Duplomb, j’ai décidé de lire la loi dans son entier. Il est vrai qu’elle conforte certaines pratiques contestables, notamment dans la commercialisation des pesticides ou dans le soutien à certaines pratiques culturales critiquables (élevage intensif ou grandes cultures consommatrices d’eau).
Pour le rapporteur, l’objectif de cette loi était d’endiguer la diminution régulière du solde commercial agricole français, tendance qu’il met au compte de l’excès de normes et des surtranspositions faites en droit français par rapport aux textes européens. Difficile de lui donner tort.
Ceci dit, que fait-on ? Laisse-t-on entrer les produits de pays étrangers traités avec au mieux les mêmes pesticides, et ce, au prix d’une empreinte carbone accrue ? Comme par exemple, les noisettes (largement traitées) qui sont importées à 90 % ou le miel chinois ? Continue-t-on à baisser les bras devant les suicides quasi journaliers des agriculteurs ? Et à laisser au béton et au bitume les plus de 100 000 hectares de terres agricoles qui s’évanouissent chaque année ?
Ou protège-t-on l’activité agricole par un protectionnisme qualitatif, un renforcement des reconversions vers des filières extensives, une labellisation tournée vers la qualité sanitaire et alimentaire des produits ? Au risque de déplaire aux partisans du mondialisme qui veulent du bœuf argentin, du mouton néo-zélandais ou du poulet ukrainien…
Je ne suis pas naïf. J’avais eu la chance de dîner en 1990 à Strasbourg en compagnie d’Antoine Waechter avec Jacques Delors, alors...