Géographie

Plaidoyer pour une réhabilitation de la géographie

OPINION. Si la question est celle de « refaire société », il faut reconsidérer ce qui faisait hier notre base commune : un territoire, des fleuves, des montagnes, des cultures locales s’harmonisant dans un ensemble plus vaste appelé Nation, et plus que tout, le désir cher à nos maîtres de nous amener à nous reconnaître charnellement dans ces paysages.

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On pouvait se moquer, il y a encore une trentaine d’années, de ces quelques « fossiles » capables de réciter par cœur la liste des sous-préfectures françaises, celle des cantons, de leurs chefs-lieux, capables encore de dessiner à main-levée le cours des principaux fleuves et de leurs affluents… C’était la fierté de mon grand-père Louis, petit ouvrier périgourdin dont le propre père ne connaissait pas ses origines puisque sorti de la cuisse de l’Assistance publique.

On pouvait s’en moquer (et nous ne nous en privions pas…) parceque ces savoirs nous paraissaient « hors-d’âge », sans intérêt particulier à l’heure où nous trouvions tous ces renseignements dans les livres ou les atlas et que l’injonction qui nous était faite était bien de « libérer nos esprits » afin de les consacrer à une approche critique du monde qui nous entourait.

Que ne dirait-on aujourd’hui, alors que la moindre interrogation trouve sa réponse sur l’écran magique de nos IPhone ? A quoi bon enseigner la géographie physique ? A quoi bon nous faire comprendre notre propre territoire puisque c’est ailleurs, sur la planète, que se jouent apparemment les grands équilibres du monde ?

Faire primer une connaissance affective de notre pays

Il y a quelques jours, j’ai regardé avec un plaisir coupable ( et pour sa cinquantième rediffusion…) « La gloire de mon père », le film d’Yves Robert tiré du roman de Marcel Pagnol, et un constat s’est lentement imposé à moi : ces paysages, cet accent chantant… tout résonnait en moi pour me dire que je faisais bien partie de ce pays-là. Je précise pourtant que je n’ai pas la moindre attache avec la Provence et que je la connais très mal. Je précise encore que ce sentiment aurait, je le crois, été parfaitement transposable à toutes les régions françaises… D’où venait alors cette certitude d’appartenance ?

Je dirai, sans doute un peu...