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Pour un souverainisme intégral

CONTRIBUTION / OPINION. Le souverainisme peine à conquérir les masses. L’absence de doctrine n’est-elle pas l’élément qui empêche le souverainisme de progresser dans les urnes ?

/2023/06/souverainisme-integral


À la sortie de la guerre de 1870, les crises du boulangisme et de l’affaire Dreyfus donnaient un souffle nouveau au nationalisme qui peinait néanmoins à se traduire politiquement. Figure emblématique de ce mouvement, Maurice Barrès remarquait qu’il n’y avait « aucune possibilité de restauration de la chose publique sans une doctrine ». Toutefois, un homme va réussir là où tous les autres (Déroulède, Drumont, Barrès) ont échoué : Charles Maurras. L’homme originaire de Martigues va parvenir, grâce à son nationalisme intégral, à faire la synthèse des principaux thèmes qui animeront, pendant de longues décennies, la droite nationale.

Malgré une Union européenne exsangue et une classe dirigeante — forcément européiste — de moins en moins populaire, les souverainistes ont du mal à faire passer leur message. Comme Maurras avait réussi à constituer la principale force d’opposition à la République, il faut au mouvement souverainiste une base idéologique où l’ensemble des souverainistes « de droite, de gauche, de nulle part et d’ailleurs » pourraient se retrouver. Pour élaborer ce souverainisme intégral, il s’agit, sur le modèle du nationalisme intégral, de réunir trois éléments : un sens de l’engagement (émotionnel), un ennemi désigné — nous parlerons plutôt d’adversaire — (conflictuel) et une méthode doctrinale (intellectuel).


L’importance du sentiment nationaliste


Tout souverainiste doit revendiquer être un nationaliste. C’est-à-dire que les intérêts économiques, géopolitiques et militaires de son pays, la France, doivent dicter l’ensemble de ses sentiments, de ses jugements et de ses décisions en politique. Cet engagement doit plonger le souverainiste dans une atmosphère constante de réaction, de défense et de protection des intérêts nationaux — et cela, quel que soit le sujet. Le militant patriote doit alors être « affecté » par un imaginaire, comme dirait le philosophe Frédéric Lordon, constitué de « prothèses passionnelles » nationalistes.

En politique, il ne faut surtout pas sous-estimer l’importance du rôle des sentiments, de...

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