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Présidentielles roumaines : les questions derrière l’annulation

CONTRIBUTION / OPINION. L’annulation des élections présidentielles en Roumanie n’est pas un événement anodin et devrait interroger toutes les démocraties européennes, estime notre lecteur.

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Crédits illustration : ©Andreea Alexandru/AP/SIPA


L’annulation d’une élection présidentielle est une mesure rare et grave, qui ébranle nécessairement les fondements démocratiques d’un État et soulève d’innombrables questions. En Roumanie, cet événement interroge tout à la fois la légitimité de la décision de la Cour Constitutionnelle, le rôle des institutions dans la prise de décision et la confiance des citoyens envers leur système politique, créant de fait un précédent en Europe qui pourrait bien se révéler plus important qu’il n’y paraît.

Retour sur les faits


Le 24 novembre, à la surprise générale, Calin Georgescu, un candidat indépendant de 62 ans, classé à l’extrême droite, arrive en tête (avec un peu plus de 22 %). Il distance le Premier ministre sortant, Marcel Ciolacu, chef du PSD (Parti social-démocrate largement pro-européen) qui ne parvient même pas à se qualifier pour le second tour, battu de quelques voix par la candidate de l’USR (Union Sauvez la Roumanie, parti généralement classé au Centre-Droit, d’inspiration libérale). Ce résultat, dans un contexte européen qui enregistre un peu partout la montée des sentiments de défiance vis-à-vis de l’Union européenne, que d’aucuns résument, le plus souvent, en parlant de la montée des extrêmes, a fait l’effet d’une bombe dans un pays où le conflit ukrainien tient une place à part. En effet, la Roumanie possède non seulement une frontière directe avec l’Ukraine qui rend la menace de la guerre on ne peut plus tangible, mais encore elle partage une histoire commune aux anciens États du bloc soviétique. On comprend donc aisément que la question du rattachement à l’UE et à l’OTAN soit sensible et l’objet d’une préoccupation majeure, surtout depuis que la Russie de Vladimir Poutine a réactivé sa volonté de contrôler les anciens territoires de la sphère d’influence russe.

De fait, le résultat électoral a immédiatement été contesté par une partie de la...

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