Référendum : Macron à l’assaut de l’écologie
OPINION. Emmanuel Macron a annoncé l’organisation d’un référendum pour inscrire à l’article premier de la Constitution la lutte contre le réchauffement climatique. Cette révision constitutionnelle, souhaitée par la convention citoyenne pour le climat, serait une « avancée majeure ». Cette déclaration n’est pourtant pas sans laisser songeur...
S’il va sans dire que la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique sont d’aussi nobles qu’impératives causes, il semblerait que ce référendum soit plus une aubaine politique qu’un bond de géant pour l’écologie. Alors que la crise de la covid-19 bat son plein, que les restaurateurs meurent à petit feu, que le chômage explose et que chaque samedi est émaillé de manifestations contre la loi Sécurité globale, l’organisation d’un tel référendum semble plus relever d’une vaste opération de communication et de séduction, que d’une réponse aux attentes des Français – même pour les plus écologistes d’entre eux.
De la révolution verte à la « poudre de perlimpinpin » ?
La protection de l’environnement est un sujet qui n’est pas étranger à la Constitution, bien au contraire. Il s’avère même qu’elle dispose d’une place enviable au sein du bloc de constitutionnalité depuis 2004. En effet, la charte de l’environnement a valeur constitutionnelle depuis 15 ans déjà, sans pour autant que la République française ait pris un véritable tournant écologique… Cette nouvelle révision de la Constitution est une forme de bis repetita, mais auréolée de l’impression d’un basculement dans la politique gouvernementale. Le macronisme serait-il un nouvel écologisme ? Malheureusement, l’illusion du changement saute aux yeux lorsque cette déclaration est mise en relief avec les 148 autres propositions de la convention citoyenne pour le climat (CCC) : une renégociation ambitieuse de la PAC afin qu’elle intègre une forme d’éco-conditionnalité (maintien des prairies permanentes, surfaces d’intérêt écologique, diversification des cultures) dans le versement des subventions, permettre une production plus locale et durable en finançant des investissements verts via des prélèvements sur les dividendes des plus grandes entreprises, ajouter un bilan carbone dans toutes les structures produisant des bilans, etc. L’ensemble de ces mesures est bien plus contraignant et déterminant que ne l’est l’ajout...