Samuel Paty : deux ans après, honte et lâcheté des politiques et des médias
OPINION. Renoncements, déni, autocensure… Deux ans après la décapitation de Samuel Paty par un terroriste islamiste, la peur ne semble pas avoir changé de camp.
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Nous, profs, nous avons reçu sur notre boîte académique le protocole à suivre pour rendre hommage à Samuel Paty, assassiné à la sortie de son collège. En fait, c’est selon : soit le vendredi 14 ou le lundi 17 octobre ; soit une minute de silence, soit des échanges avec les élèves… et puis il faudrait lire le texte de Robert Badinter. On voit bien que cet hommage ne semble pas une priorité politique voire de société. On a massacré un prof en France et le pouvoir politique considère ce crime comme un fait divers, pas très important au fond.
Sans cesse, dans nos établissements scolaires français, des menaces sont signalées à l’encontre de mes collègues et démontrent que l’infiltration religieuse est de plus en plus évidente si on veut bien se tenir au courant de la réalité du terrain. Alors, le mot laïcité revient dans les débats et ce dogme est brandi comme une vérité absolue, comme une vérité historique. D’accord, mais les profs abandonnés à eux-mêmes, sans aucun soutien, seuls face à des centaines d’élèves qu’ils voient défiler la journée, peuvent-ils se marteler le cerveau avec ce mot de laïcité alors que des politiciens le rejettent et affirment que Samuel Paty a été imprudent et que son « islamophobie » l’a tué, comme le sous-entendent certaines mouvances proches de la France Insoumise ?
J’imagine encore ce pauvre Samuel Paty faisant son travail avec conscience, avec précaution et sérieux, pour oser traiter en historien des caricatures. Et puis le cauchemar dans la rue. Exécuté comme une bête de boucherie. Alors, des journalistes, moralisateurs à bon compte, les fesses bien calées dans un fauteuil, accusent aussi les profs d’autocensure. Et bien, comment aborder un sujet hautement politique quand le pauvre enseignant risque sa vie, ne serait-ce déjà que dans son rôle de représentant de...