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Séparatisme des quartiers : vers deux France irréconciliables ?

CONTRIBUTION / OPINION. Les émeutes de juin dernier ont explosé à la figure des bien-pensants, qui n’ont pu nier davantage l’ampleur du séparatisme dans les quartiers. Mais est-ce désormais trop tard ?

/2023/08/Emeutes-Separatisme


Depuis les émeutes de 2005, les responsables politiques avaient simplement mis la poussière sous le tapis, priant pour que la formule d’Henri Queuille, président du Conseil sous la IVᵉ République, s’avère exacte : « Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. »

Par ses apostrophes et sa politique pénale, Nicolas Sarkozy avait montré ses muscles. Emmanuel Macron a usé de prophéties autoréalisatrices en qualifiant la Seine–Saint-Denis de « Californie sans la mer », tout en répétant qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver un emploi. Les banlieues cristallisent, on ne peut mieux l’échec politique des quarante dernières années. Ces territoires illustrent l’incompétence des gouvernements à résoudre les défis majeurs en termes d’immigration, d’intégration, d’insécurité et d’autorité de l’État. Peut-être faut-il y voir un lien : le débat sur les quartiers populaires est en permanence phagocyté par un affrontement idéologique outrancier et les acteurs politiques sont tétanisés devant l’immensité du chantier.

La gauche et la droite n’ont pas la même perception du phénomène. Pour la droite, l’immigration doit être régulée avec fermeté et l’ensauvagement de la société doit trouver une solution judiciaire. À gauche domine le sentiment que la réussite de l’intégration dépend de la générosité de la politique de la ville, des aides sociales. Un sentiment mêlé à une foi inébranlable dans la capacité d’intégration des populations immigrées.

La vulgate de gauche conduit à prendre fait et cause pour les habitants des quartiers parce qu’ils les assignent dans le camp des opprimés, réduits à leur appartenance à une minorité, victimes de discriminations et de violences policières, de racisme systémique et en situation de précarité. À droite et chez une majorité croissante de Français, un rejet plus vif de l’immigration se fait jour, celle-ci étant perçue comme un fait de société qui a été imposé d’en...

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